Alors que les risques climatiques se multiplient et s’accélèrent, les espaces maritimeset les littoraux sont confrontés à d’importants enjeux. A l'occasion de la journée mondiale de l'environnement le 5 juin, focus sur l’action menée par la Fondation de France et les fondations abritées pour protégerces espaces essentiels à la régulation du climat.
Les océans représentent plus de 70 %de la surface terrestre et absorbent 90 %de l’excès de chaleur dû au réchauffement climatique. Puits de carbone très efficaces, ils nous approvisionnent en nourritures en eau et abritent des centaines de milliers d’espèces. Mais les menaces qui pèsent sur eux sont nombreuses : pression démographique, pollution, surexploitation, épuisement des ressources halieutiques...Parallèlement, la hausse des températures, l’élévation du niveau de la mer et l’acidification impactent ces écosystèmes fragiles. Les effets de l’activité humaine et du changement climatique sur les océans et les littoraux sont aussi multiples que complexes. Ils constituent ainsi un terrain d’observation privilégié pour appréhender plus globalement les enjeux liés au climat.
Penser collectivement des solutions
Inventer des solutions collectives et durables est indispensable pour répondre aux besoins spécifiques de chaque territoire. Les journées Littoral et Mer organisées par la Fondation de France en 2022 à La Rochelle visaient ainsi à décloisonner la connaissance. Elles ont aussi été l’occasion de faire le focus sur des dynamiques concrètes et les coopérations entre élus, chercheurs et citoyens. Le projet de recherche Atlantiles, à Saint-Pierre-et-Miquelon en est un bon exemple : dans une région menacée par l’effondrement du stock de morues, un tourisme durable favorise le retour à des techniques de pêche artisanale ouvrant ainsi aux habitants de l’île de nouveaux débouchés économiques. Unir toutes les énergies, c’est aussi le credo de l’association Pleine Mer que Violette Dumont soutient à travers la Fondation Humus : « Cette association contribue à une transition durable de la pêche. Cela passe par la sensibilisation, la formation, l’accompagnement et ce qui est intéressant, c’est que la structure regroupe des pêcheurs, des chercheurs mais aussi des consommateurs, des citoyens ». Plus les profils mobilisés sont divers, plus l’impact est fort. Autre initiative, autour de laquelle sont réunies les fondations Cassous, Crédit Mutuel AllianceFédérale, Léa Nature, Lemarchand et Nature &Découvertes : Wings of the Ocean qui lutte contre la pollution plastique via des missions itinérantes sur des voilierset intervient notamment auprès des entreprises pour les inciter à réduire leur production de plastique.
Sensibiliser et interpeller décideurs et grand public
Face à l’urgence, il faut accélérer les prises de conscience. L’art est un mode d’expression puissant pour questionner et éclairer nos regards. Les travaux photographiques de Nicolas Floc’h sont, en ce sens, d’une grande valeur. Initium Maris est l’expédition artistique qu’il a menée le long des côtes bretonnes et dont il rapporte des images insoupçonnées des espaces sous-marins. En donnant à voir l’invisible, il offre une représentation inédite de la variété des paysages et des activités humaines qui s’y inscrivent. L’innovation peut aussi contribuer au réveil des consciences. REVE Cot rassemble des scientifiques issus de diverses disciplines pour renforcer les connaissances sur les risques d’inondation et cartographier l’évolution de ces phénomènes. L’originalité du projet : diffuser les résultats auprès des décideurs locaux via la réalité virtuelle. Plongés dans une scénographie immersive, ils viventien direct les aléas climatiques qui toucheront leur territoire demain. Un outil précieux pour faciliter la prise de conscience et favoriser les décisions.
« Si l’océan n’est pas en bonne santé, la lutte pour le climat est perdue. »
An-gaelle Bénédic, responsable transition écologique et solidaire à la Fondation de France
Apprendre à s'adapter
Comment susciter un changement de perception et recréer une plus grande harmonie entre l’Homme et la nature ? En s’inspirant par exemple de certaines traditions fondées sur l’accord essentiel entre l’Homme et son environnement. Ainsi en Polynésie, le « rãhui » est un modèle ancestral de gestion durable de la ressource qui consiste à laisser temporairement des zones en non-pêche pour favoriser la régénération des espèces. Les territoires d’outre-mer entretiennent un rapport très fort à la nature. Soutenu par la Fondation de France, un programme de recherche explore la diversité des liens qui existent entre les habitants de Nouvelle-Calédonie, le territoire et les animaux marins. L’idée derrière ce programme est de mettre en lumière ces rapports entre l’homme et son environnement et d’encourager des politiques environnementales qui intègrent enjeux écologiques, culturels et sociaux. Il faut aussi réapprendre à s’adapter aux changements environnementaux. Alors que l’Homme a longtemps cherché à maîtriser les évolutions naturelles du littoral, la logique s’inverse aujourd’hui. La défense rigide du trait de côte n’a plus de sens. Il faut redonner de l’espace aux phénomènes naturels pour favoriser l’équilibre des transports de sédiments, absorber l’énergie de la mer lors des tempêtes, améliorer la biodiversité locale... Cette approche plus humble est celle du projet ADAPTO, initié par le Conservatoire du littoral qui propose des mesures d’adaptation plus souple du trait de côte sur 10 sites pilotes.
En améliorant la connaissance des littoraux et des mers, une dynamique vertueuse s’enclenche et permet de développer ce lien vital entre les populations et leur environnement.
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