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Solidarité Mayotte : sur le terrain avec l’association Le Village d’Eva

18 décembre 2025

Leonie Decourt GislardRencontre avec Léonie Decourt-Gislard, coordinatrice au sein de l’association Le Village d'Eva.

 

Un an après le passage du cyclone Chido qui a durement frappé Mayotte le 14 décembre 2024, la Fondation de France reste pleinement mobilisée aux côtés des associations locales. Début décembre, plusieurs représentants de la Fondation de France, notamment Axelle Davezac, directrice générale, et Karine Meaux, responsable du pôle Urgences, se sont rendus sur place pour échanger avec les partenaires locaux, suivre l’évolution des actions menées et des besoins, et renforcer les coopérations sur le territoire. Parmi les associations soutenues, Le Village d’Eva œuvre depuis plus de dix ans dans plusieurs régions de l’archipel pour l’accès à l’éducation des enfants les plus vulnérables. 

Quelle est la mission de l’association ?

À Mayotte, la déscolarisation reste un enjeu majeur : on estime qu’entre 5 000 et 10 000 enfants sont aujourd’hui exclus du système scolaire. Cette situation s’est aggravée suite à Chido, et de nombreuses écoles ne peuvent fonctionner qu’en rotation, avec des accueils limités à 2 heures par jour.  Le Village d’Eva a vu le jour il y a une dizaine d’années. Nous avons aujourd’hui quatre centres, situés à Petite-Terre, Mamoudzou, Combani et Koungou. Nous y accueillons trois jours par semaine des enfants non scolarisés âgés de 3 à 16 ans. Notre objectif est qu’ils puissent intégrer le système scolaire le plus rapidement possible et dans les meilleures conditions, à la fois sur le plan pédagogique, administratif et humain. Nous accompagnons près de 800 enfants par an, dont environ 400 enfants présents en permanence dans nos centres. L’alimentation est également un volet essentiel de notre action : chaque jour, chaque enfant bénéficie d’une collation et d’un repas. Nous préparons et distribuons plus de 63 000 repas par an, car apprendre est impossible si les besoins vitaux ne sont pas comblés.

Comment s’organise l’accompagnement des enfants ?

Lorsqu’un enfant arrive dans l’un de nos centres, il passe un test afin d’évaluer son niveau. Il est ensuite intégré dans une classe pour trois jours par semaine pendant une période de huit mois à un an. Les enseignements portent sur les savoirs fondamentaux en français et mathématiques (lire, écrire, compter) mais intègrent aussi des informations sur l’alimentation, l’hygiène, le respect de soi et des autres, la prévention des violences, le consentement, les grossesses précoces...Beaucoup d’enfants ont des parcours de vie marqués par la précarité ou l’exil. Nos équipes sont composées de salariés, de volontaires en service civique et de bénévoles. Les enfants sont en contact avec l’ensemble des professionnels du centre : les équipes pédagogiques, la médiatrice, les agents de cuisine et d’entretien, ainsi que le chargé d’appui à la scolarisation. Cette approche globale permet de créer un cadre sécurisant et bienveillant.

Quel a été l’impact du cyclone Chido sur vos actions ?

Après le cyclone, nous avons renforcé nos actions de soutien. Nous avons mis en place des activités ludiques et pédagogiques pour les enfants et assuré la distribution de nourriture et d’eau potable. Nous travaillons avec l’association Terra Psy, également soutenue par la Fondation de France, qui forme nos encadrants à l’accueil de la parole des jeunes et à la mise en place d’un accompagnement émotionnel et psychologique. L’enjeu est de leur permettre de retrouver des repères et une stabilité sur le long terme. Depuis janvier, nous avons mis en place deux maraudes par centre chaque semaine. L’une est dédiée au repérage des enfants non scolarisés et à l’information des familles. L’autre consiste à proposer des activités pédagogiques directement dans les quartiers. C’est un retour à l’ADN de l’association, qui a débuté il y a onze ans avec des cours donnés en extérieur, sous les baobabs, avant de se structurer et d’ouvrir progressivement ses centres.

Quels sont aujourd’hui les principaux défis auxquels l'association doit faire face ?

Les besoins restent immenses, notamment au centre de Combani, où nous avons autant d’enfants sur liste d’attente que notre capacité d’accueil. Le manque d’infrastructures est un frein important. Même après l’entrée à l’école, les parcours restent fragiles, entre les obstacles administratifs et le suivi scolaire. C’est pourquoi nous travaillons étroitement avec les acteurs institutionnels, notamment l’Agence Régionale de Santé, qui intervient chaque année pour assurer la vaccination des enfants. L’accès à l’école est une chance immense pour ces jeunes mais ce n’est qu’une étape. Leur redonner confiance, les protéger et leur offrir des perspectives est un travail collectif, qui nécessite un engagement durable aux côtés des acteurs locaux et des familles.

Le village d'Eva Mayotte


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