Solidarité Mayotte : 6 mois d’actions

Six mois après le passage du cyclone Chido le 14 décembre dernier, l’archipel de Mayotte porte encore les stigmates de cette catastrophe d’une ampleur inédite. Déjà engagée sur le territoire dans des actions de préparation aux risques, la Fondation de France s’est mobilisée dès les premières heures suivant le passage du cyclone, en coordination avec ses partenaires locaux de l’océan Indien. L’appel à dons lancé a permis de collecter 43,6 millions d’euros. 10,3 millions d’euros ont déjà été consacrés au soutien de 113 initiatives sur tout le territoire mahorais pour répondre aux besoins immenses des populations sinistrées.

Continuer à répondre aux besoins de première nécessité

Après une première phase largement consacrée à l’aide de première urgence, la Fondation de France concentre désormais son soutien sur des initiatives plus ciblées et durables, en priorité auprès des populations les plus vulnérables et isolées. Quelques exemples d’associations soutenues :

À Tsingoni, l’association Nouroul Absoir lutte contre l’isolement des personnes âgées en facilitant leur maintien à domicile. Elle organise des activités intergénérationnelles et les aide dans leurs démarches administratives et médicosociales. L’association distribue chaque semaine des colis alimentaires directement au domicile de 130 personnes âgées en situation de vulnérabilité.

Quant à l’association Allo Saad , spécialisée dans l’aide et le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes ou en situation de handicap, elle accompagnait 260 personnes avant le passage du cyclone. Elle a renforcé ses actions pour venir en aide à 100 personnes supplémentaires. Elle distribue notamment des produits alimentaires et de première nécessité.

La Fondation de France soutient également les initiatives d’aide alimentaire durable portées par les épiceries solidaires associatives de Mayotte : Narihime ASJSFP, Petite-T'espoir, Le Regard du Cœur et Yes We Can Nette  peuvent ainsi poursuivre leurs actions auprès des personnes en situation de précarité (distribution de denrées alimentaires et accès à des produits à coûts réduits, accompagnement administratif et social, organisation de moments de convivialité…).

L’association Yes We Can Nette gère une épicerie solidaire. Elle incite les habitants à rapporter leurs canettes vides pour les recycler en échange de produits de première nécessité à prix réduits.

Penser la reconstruction de façon durable

Pour répondre aux défis de la reconstruction à Mayotte où 40 % des habitats de l’archipel ont été entièrement détruits, la Fondation de France soutient des initiatives qui allient renforcement des savoir-faire locaux et sensibilisation aux bonnes pratiques de construction.

L’association Likoli Dago  a par exemple créé des lieux ressources où habitants, artisans et professionnels du bâtiment peuvent bénéficier de formations techniques sur la construction para-cyclonique et d’un accompagnement individualisé. Ces espaces proposent également des prêts d’outils et mettent à disposition des supports pédagogiques. Deux containers ont été installés à Chiconi et Mamoudzou pour accueillir les permanences et ateliers thématiques.

À Majicavo, 17 familles vivant dans des conditions de grande précarité ont vu leur habitat détruit ou gravement endommagé par le cyclone. Face au contexte d’insalubrité et d’insécurité, l’association Soliha  réhabilite les logements et reloge les familles. Elle les accompagne également sur les plans administratif et social pendant un an.

À Majicavo, l’association Soliha reloge des familles dont l’habitat a été détruit.

La nature a aussi a été durement touchée. Mangroves, forêts, zones humides et récifs coralliens ont subi d’importants dégâts, nécessitant des actions coordonnées de nettoyage, d’évaluation et de régénération. Engagée au sein d’un réseau rassemblant les principaux acteurs publics et privés concernés, la Fondation de France soutient plusieurs associations, telles que Gepomay et Mayotte Nature Environnement , pour renforcer leurs capacités d’intervention. Outre l’analyse des besoins prioritaires et les actions de nettoyage menées, ces structures veillent à ce que la reconstruction se fasse dans le respect des écosystèmes, essentiels à la vie sur l’île. L’association Lieux infinis met en place, par exemple, une scierie mobile pour dégager les arbres tombés et penser leur utilisation optimale pour l’agriculture, la reconstruction ou la protection des bassins versants.

Favoriser l’accès aux soins et apporter un soutien psychologique

Pour répondre aux besoins en matière de santé physique et mentale, la Fondation de France soutient plusieurs associations engagées auprès des populations les plus vulnérables. L’association Play International  utilise le sport comme vecteur de reconstruction, de socialisation et d’apaisement émotionnel. En proposant des séances sportives encadrées par un animateur et un référent santé mentale, elle permet aux enfants et adolescents de mieux gérer leurs émotions et d’aborder les questions de santé mentale de manière ludique et collective. Ces activités permettent également d’identifier des jeunes en difficulté et de les orienter vers des accompagnements adaptés.

Suite au passage du cyclone Chido, les difficultés d’accès aux dépistages et aux traitements médicaux se sont accentuées. Pour y faire face, l’association Narike M’Sada  intensifie ses actions de prévention. Elle s’est équipée d’une unité mobile qui propose des dépistages des infections sexuellement transmissibles dont les hépatites et le VIH dans les zones les plus reculées de l’île. Ce dispositif contribue à réduire les diagnostics tardifs.

L’association Ensemble pour la santé primaire à Mayotte (EPSM) propose des soins et un suivi médical et psychologique de proximité aux étudiants en intervenant directement au sein de l’Université de Mayotte, du Lycée Agricole de Coconi et de trois structures rurales, situées à l’Est, au Sud et au Nord de l’île. Les étudiants étant particulièrement touchés par le cyclone et peu enclins à solliciter les structures de soins, cette démarche s’avère essentielle pour leur proposer un accompagnement en santé là où aucun dispositif n’était jusqu’alors disponible.

L’association PLAY International propose des séances sportives thérapeutiques aux enfants et adolescents.

Soutenir l’éducation et la reprise des activités culturelles et sportives

La Fondation de France favorise la reprise d’activités essentielles à l’épanouissement des enfants et des jeunes à Mayotte, en soutenant des associations locales qui interviennent dans les domaines de l’éducation et organisent des activités sportives et culturelles.

L’association APMN (Amicale des Personnels de Mamoudzou Nord) met en œuvre des projets pédagogiques pour les élèves et leurs familles : bibliothèques de classe, clubs de lectures, jardin pédagogiques… L’association travaille à renforcer le lien entre les familles et l’équipe éducative. Elle remplace également le matériel scolaire détruit par le cyclone afin de permettre la reprise des enseignements pour 150 enfants.

L’association Formation et Espoir  agit en faveur de l’accès à l’éducation des enfants non scolarisés, au sein d’une école qu’elle a créée. Elle y propose des cours de soutien, des ateliers éducatifs et ludiques durant les vacances, des ateliers dédiés aux parents et organise également des distributions alimentaires pour des familles en situation de grande précarité. « Le colis alimentaire que nous avons reçu représente bien plus que de la nourriture. C’était un signe que quelqu’un pense à nous, que nous ne nous sommes pas oubliés », témoigne Mme Dhoiffir, mère d’une des familles soutenues.

Pour relancer les entraînements et compétitions dans de bonnes conditions au sein de ses 40 clubs, la Ligue régionale de basketball de Mayotte a racheté du petit matériel volé ou détruit suite au cyclone (ballons, paniers, plots, etc.).

Enfin, l’association Hippocampus  redynamise la vie culturelle locale de l’archipel à travers une programmation de spectacles vivants – contes, concerts, théâtre, danse – mettant en lumière des artistes mahorais et de la région de l’océan Indien.

Dominique Boyer, président du comité Solidarité Mayotte dans une des écoles de Kaweni détruite par le séisme.

Soutenir la relance économique

Afin de favoriser la reprise de l’activité économique locale, la Fondation de France accompagne des dispositifs de soutien à destination des petites entreprises et du secteur agricole.

L’association Initiative Mayotte  a ainsi créé un fonds de prêt d’honneur pour aider les structures impactées par le cyclone. En fonction des dommages constatés (dégradations des locaux, pertes de matériel, interruption d’activité), les petits entrepreneurs peuvent bénéficier d’un prêt sans intérêt jusqu’à 20 000 euros. Ce dispositif, notamment soutenu par le Conseil départemental de Mayotte et la Fondation de France, devrait permettre d’accompagner près de 300 petites entreprises.

L’ADIE Mayotte  développe un dispositif complémentaire à destination des micro-entrepreneurs avec le soutien de la Fondation Crédit agricole La Réunion/Mayotte et de la Fondation de France. Un fonds dédié vise à accompagner 500 bénéficiaires d’ici fin 2025 dans des secteurs variés tels que le commerce, l’artisanat ou l’agriculture, avec un montant moyen de prêt estimé à 4 000 euros.

La reprise de l’activité agricole s’organise aussi avec le soutien de plusieurs groupements et coopératives locales, en lien avec la Chambre d’agriculture de Mayotte. Ces aides permettent notamment l’achat de semences, de plants et d’équipements essentiels à la relance des cultures. La COPEMAY (coopérative des pêcheurs de Mayotte) a par exemple pu réparer ses bâtiments, remplacer son matériel technique et informatique, et dédommager des pêcheurs, et la COOPAC (Coopérative des Agriculteurs du Centre) acquérir du matériel et agrandir son équipe.

 L’ADIE Mayotte accompagne cette entrepreneuse dont le jardin potager a été entièrement détruit par le cyclone.