Skip to main content
Vous êtes fondateur
Vous êtes donateur
Vous êtes porteur de projet
Vous êtes fondateur
Vous êtes donateur
Vous êtes porteur de projet

Fondation Alice Milliat : promouvoir le sport au féminin

16 juillet 2024

Première fondation consacrée au sport féminin en Europe, la Fondation Alice Milliat soutient des projets destinés à améliorer la visibilité des athlètes féminines et à encourager toutes les femmes à prendre leur place sur le terrain. Rencontre avec Aurélie Bresson, présidente de la fondation.

Comment et pourquoi a été créée la Fondation Alice Milliat ?

La fondation a été créée en 2016, en hommage au parcours et au combat d’Alice Milliat, une sportive du siècle dernier qui s’est battue toute sa vie pour faire reconnaître le sport féminin et à qui l’on doit, entre autres, les premiers Jeux Olympiques féminins en 1922. La vocation première de la fondation est de faire connaître son nom et son engagement mais aussi, plus largement, de s’emparer de toutes les problématiques liées au statut des femmes dans le sport : invisibilisation, violences sexistes et sexuelles, maternité, difficultés d’accès aux responsabilités professionnelles, etc.

Quelles évolutions avez-vous constaté sur ces problématiques depuis la création de la fondation ?

Depuis huit ans, les choses ont évolué positivement. Il y a une meilleure prise en compte de manière générale de toutes les problématiques liées aux conditions de vie des femmes, et dans le sport aussi.

Aujourd’hui, les athlètes féminines osent prendre la parole sur des sujets qui les concernent et ne laissent plus rien passer. Par exemple, certaines d’entre elles refusent de jouer en short blanc en raison des menstruations. C’est une revendication qui n’existait pas jusqu’ici, et, désormais, elles l’assument et veulent se faire entendre. Cette mobilisation est largement partagée. De plus en plus de femmes autour des terrains élèvent la voix, qu’il s’agisse des athlètes, sportives, femmes arbitres, et des femmes en général.

Les instances et fédérations sportives sont aussi plus à l’écoute, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années. Depuis le plan lancé par le ministère des Sports en 2014, toutes doivent se doter d’un programme de féminisation concernant la pratique sportive, l’encadrement, la formation et l’arbitrage.

Aurelie Bresson Flamme image legendeeAurélie Bresson, Présidente de la Fondation Alice Milliat, participant au relais de la flamme olympique le 25 juin 2024 à Besançon. ©Fondation Alice Milliat

En quoi ce contexte nouveau a-t-il fait évoluer votre action ?

Le fait que la société soit plus sensible à la condition des femmes nous a permis de développer nos soutiens et nos actions. Des mécènes tels que la Banque Palatine ou Intersport nous ont rejoints pour s’engager à nos côtés. Cet environnement porteur nous a permis de lancer notre premier appel à dons et d’organiser plusieurs événements pour sensibiliser plus largement le public : par exemple les Trophées Alice Milliat, qui récompensent les initiatives en faveur du sport féminin, ou encore le Festival de films et de documentaires Les Sportives en lumière.

Parallèlement, nous travaillons beaucoup avec les collectivités sur des outils de sensibilisation à la place des femmes dans le sport, mais également sur la toponymie des lieux et équipements sportifs pour donner davantage de visibilité aux athlètes féminines. ll y a encore deux ou trois ans, moins de 1 % des équipements sportifs en France portaient le nom d’une femme, ce travail a donc toute son importance. C’est très inspirant pour les petites filles de se rendre à un gymnase qui porte le nom d’une athlète femme, cela a une valeur de modèle qui rejaillit aussi sur les mamans, les parents... Sensibiliser dès le plus jeune âge est vraiment une porte d’entrée très efficace.

En quoi les actions en faveur de l’égalité femmes/hommes dans l’univers sportif peuvent-elles se révéler aussi bénéfiques pour la société dans son ensemble ?

Le sport va bien au-delà de la pratique sportive, il est un vecteur de lien social, d’émancipation. Il traite du rapport au corps, à l’espace, c’est un tout. Au travers des projets que nous soutenons, nous agissons avant tout sur des enjeux sociétaux, sur le développement de l’individu et le vivre ensemble. Quand la société aura compris que le sport est aussi un fait politique, un levier d’actions multiples, on aura tout gagné. Hélas en France, il reste trop souvent considéré comme un loisir et c’est ce que nous devons faire évoluer.

Quels types de projets sont soutenus par la fondation ?

Nous fonctionnons par appels à projets, à raison de deux par an. Nous soutenons la production de kits pédagogiques, livres, documentaires pour visibiliser les sportives, des formations de sensibilisation à destination des collectivités, mais aussi des associations qui agissent aux côtés des femmes par le sport... Nous avons par exemple accompagné l’association Sine qua non qui encourage les femmes à investir l’espace public pour y pratiquer une activité sportive, en l’occurrence la course à pied. Des groupes de femmes se réunissent pour courir ensemble et tous les ans, une grande course est organisée. Il y a eu près de 20 000 participantes cette année, alors que nous n’étions qu’une dizaine il y a 6 ans.

Pour la première fois de leur histoire, les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 seront paritaires et constituent une opportunité unique de défendre vos valeurs…

Il faut en effet que cette avancée symbolique débouche à terme sur une meilleure parité à l’intérieur des instances sportives, où la place des femmes demeure minime. Cette année est vraiment une année charnière, après l’entrée en vigueur il a deux ans d’une loi imposant la parité dans les gouvernances sportives en 2024. Au niveau national, une stricte parité doit s’opérer dans les conseils d’administration des fédérations nationales dès cette année, et en 2026 dans les fédérations régionales et locales.

En amont des Jeux, nous avons mené un grand travail de sensibilisation auprès des collectivités, des fédérations et du grand public sur les questions de parité. On ne refait pas l’histoire du sport mais on ajoute un complément en montrant que les femmes y ont aussi une histoire et une place qui ont malheureusement longtemps été invisibilisées. De nombreuses instances nous ont d’ailleurs sollicités pour poursuivre cette sensibilisation durant les Jeux : le 10 août, j’interviendrai par exemple au Media Center des JOP pour rappeler l’héritage d’Alice Milliat et parler d’égalité femmes/hommes dans le sport.


 #CAUSEDUMOIS\SPORT - JUILLET 2024