La Pause Brindille : accompagner les jeunes aidants

En France, entre 700 000 et 1 million de jeunes de 16 à 25 ans, soit trois à quatre élèves par classe, soutiennent un proche malade, en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Souvent invisibles, ces « jeunes aidants » endossent très tôt de lourdes responsabilités qui peuvent peser sur leur scolarité, leur vie sociale et leur équilibre personnel. Face à ce constat, l’association La Pause Brindille accompagne ces jeunes au quotidien et sensibilise à cette réalité encore méconnue.

Créée à Lyon en 2019 par Axelle Enderlé, l’association La Pause Brindille  a pour mission de faire connaître la situation des jeunes aidants, de favoriser leur repérage et de leur offrir des espaces d’écoute et de répit adaptés. Elle agit notamment à travers la sensibilisation dans les établissements scolaires, la mise en réseau de jeunes aidants et des dispositifs d’écoute uniques.

Rompre l’isolement et libérer la parole

« Quand on est jeune aidant, on parle très peu de ce qu’on vit. Au-delà de l’isolement, c’est surtout ce silence que nous voulons briser : offrir un espace où chacun peut mettre des mots sur son vécu et ne plus porter tout cela seul », confie Sophie Belvisi, présidente du conseil d’administration de l’association, ancienne jeune aidante.

Parmi les dispositifs mis en place par l’association, la ligne Brind’écoute , lancée en 2021, permet à tout jeune aidant d’échanger anonymement avec un pair formé à l’écoute. Trois permanences hebdomadaires ont permis en 2025 à près de 250 jeunes de bénéficier de cette ligne d’écoute, encadrés par une équipe de 21 écoutants et d’une psychologue superviseuse.

L’association organise aussi des temps collectifs en petits groupes – les Brind’Partages  – et un festival bisannuel, le Tribu Brindille Festival, qui réunit plusieurs centaines de participants pour partager expériences et témoignages.

Une structure en pleine croissance

Depuis 2022, La Pause Brindille s’est développée avec une équipe qui compte désormais 11 salariés (contre 2 en 2022), appuyés par des services civiques, des bénévoles et des partenaires engagés. L’association mène aujourd’hui environ 25 Brind’Partages par an dans la région lyonnaise et se développe au niveau national, notamment en région Nord-Pas-de-Calais, Provence-Alpes-Côte d’Azur et prochainement à Paris.

Son programme Ambassade , déployé en 2024 dans plusieurs lycées de l'agglomération lyonnaise, basé sur la pair-aidance, permet à des jeunes de devenir acteurs de sensibilisation au sein de leur établissement : une initiative qui identifie et soutient chaque année plusieurs dizaines de jeunes aidants pour créer des safe places au cœur des établissements scolaires. Ce programme Ambassade est aujourd’hui implanté dans 5 lycées, avec 2 autres en cours de conventionnement, et un objectif de 7 établissements engagés d’ici 2026.

Le programme Ambassade permet à des jeunes de devenir acteurs de sensibilisation dans leur lycée.

Dès ses débuts, La Pause Brindille a bénéficié du soutien de la Fondation de France Centre-Est. « Ce partenariat a joué un rôle clé dans notre structuration, explique Delphine Lacroix, responsable financière et ressources humaines. Il nous a permis de sécuriser les emplois, de renforcer la gouvernance et de consolider notre modèle économique. La Fondation de France a su s’adapter à notre croissance et nous accompagner sur la durée. »

Ce soutien a notamment permis à l’association de développer un nouveau site web, de professionnaliser sa communication et de préparer un changement d’échelle au niveau national. La Pause Brindille est également soutenue par le collectif d’action Santé globale de la Fondation de France. « Nous avons trouvé un partenaire agile, à l’écoute, qui partage notre vision d’une solidarité construite sur la confiance », ajoute Delphine Lacroix.

Aujourd’hui, l’association entre dans une phase d’essaimage et de coopération. L’association travaille sur un outil digital pour renforcer les liens entre jeunes aidants isolés et poursuit des collaborations européennes autour de la santé mentale et de la recherche. « Notre ambition, que les jeunes aidants d’aujourd’hui ne soient pas les aidés de demain », conclut Delphine Lacroix.