Droits des femmes ? Cause commune !
Là où l’égalité femmes-hommes avance, toute la société progresse. Ce combat de longue haleine, sans frontière, mobilise tous les acteurs sociaux, et notamment la communauté philanthropique.
Grandir sans violence, développer ses talents quels qu’ils soient, accéder aux soins et à l’éducation, maîtriser ses choix de vie personnelle et professionnelle, être reconnue à sa juste valeur dans son travail… Pour des millions de femmes, ces droits fondamentaux ne sont toujours pas une réalité. Si partout dans le monde, des progrès sont enregistrés, partout, ces acquis sont aussi remis en question, notamment pour les femmes les plus fragiles, en situation de pauvreté, migrantes, vulnérables.
Comme le souligne l’ONU, le combat pour les droits des femmes n’est pas (seulement) un combat pour la moitié de l’humanité : « La discrimination basée sur le genre continue à empêcher un grand nombre de femmes d’avancer, et notre monde s’en trouve lui-même pénalisé ». Se priver des talents des femmes, c’est aussi une perte de chance collective.
Réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles, c’est l’Objectif de développement durable n°5 fixé par l’ONU dans le cadre de l’Agenda 2030
Alerter, changer les regards
Cet enjeu majeur doit être une priorité pour les États et gouvernements, mais le monde associatif et les fondations ont aussi un rôle décisif à jouer. En commençant par faire bouger les mentalités, sur un sujet où les représentations sont structurantes. Ainsi le travail de la Fondation des femmes, qui a tout récemment rejoint la Fondation de France, a-t-il été décisif pour accélérer la prise de conscience des violences faites aux femmes, lutter contre la représentation du « crime passionnel », imposer le mot de « féminicide »… autant de préalables à l’action concrète.
De même, la Desert Flower Foundation a contribué à faire changer le regard sur l’excision et les mutilations génitales féminines, à les reconnaître comme des crimes, là où un certain relativisme culturel pouvait amener à les considérer comme une tradition et à les tolérer. À la création de ce réseau en 2002, la fondatrice Warris Dirie a financé plusieurs études afin de prendre la mesure du phénomène. Suivront des campagnes d’information qui vont mettre le sujet à l’agenda de nombreux gouvernements européens et africains, et des institutions internationales.
De la dénonciation à l’action
sportDans le même temps, de nombreuses actions de terrain ont été déployées. Grâce à leur liberté d’action et leur agilité, les fondations peuvent prendre des risques, être créatives. Et « modéliser » des solutions pour inspirer les politiques publiques. Ainsi la Fondation Fleur du désert en France, membre du réseau Desert Flower Foundation, contribue-t-elle au recul de l’excision en Sierra Leone. Sa démarche : partir de l’engagement d’une communauté, d’un village. « En échange de l’abolition de l’excision, nous avons mis en place un système de parrainage de petites filles : financement de leur scolarité, contrôle et suivi médical. Puis en 2019, la fondation a investi pour créer un refuge accueillant les petites filles et jeunes filles qui fuient les mutilations, mais aussi une école primaire mixte de 400 élèves et un centre de formation pour les former aux métiers d’avenir, notamment dans le numérique, explique la fondatrice. Mettre fin à l’excision c’est préserver la dignité et l’identité des jeunes filles, mais il faut aussi leur donner les moyens d’une autonomie économique… Nous devons agir durablement pour changer le regard de toute une génération sur la place des femmes ! »
Le corps et l’esprit
Penser la résilience comme un processus global, à la fois physique, psychologique, social… cette approche guide le programme Femmes et sport, vers un nouveau départ ! lancé fin 2019 par la Fondation de France. Son objet ? Mobiliser les bienfaits de l’activité physique ou sportive dans la reconstruction personnelle de femmes vulnérables : femmes victimes de violences, vivant à la rue, mères isolées, sous addictions, migrantes, etc. « Les travaux scientifiques et l’expérience acquise avec le programme Allez les filles ! nous ont convaincus de l’importance de la démarche sportive au service de la reconstruction, explique Aurélie Martin, responsable du programme. Une pratique sportive adaptée, associée à un travail éducatif et un suivi psychologique et social devient un catalyseur de transformation. En restaurant leur image corporelle, ces femmes retrouvent confiance en elle et s’autorisent à reprendre leur vie en main. »
À voir
VIDEO | FEMMES ET SPORT
Fight for dignity : quand le karaté aide les femmes à reprendre confiance en elles
Le programme privilégie des projets exemplaires, qui peuvent faire école et essaimer. Comme Fight for Dignity, une association créée par la triple championne du monde de karaté Laurence Fischer, qui accompagne les femmes victimes de violences à la Maison de femmes de Saint-Denis, mais aussi au Congo, en Afghanistan… Pour capitaliser sur cette expérience innovante, les ateliers de karaté adaptés font l’objet d’une recherche-action, qui vise à mesurer leur impact et à construire une méthodologie diffusable à grande échelle.
Tout est lié !
« La lutte contre les discriminations est un combat qui doit être mené à toutes les étapes et dans tous les domaines de la vie des femmes si l’on veut briser le cercle vicieux de l’exclusion », explique Danièle Kapel-Marcovici, PDG du groupe RAJA (acteur majeur de la distribution de fournitures et d’équipements pour les entreprises en Europe), et présidente de la Fondation RAJA-Danièle Marcovici. La fondation développe une approche à 360°, investissant tous les domaines qui peuvent faire levier pour l’émancipation des femmes : la défense des droits et la lutte contre les violences, l’accès à l’éducation et l’action sociale, la formation et l’insertion professionnelle. Et un axe original depuis 2015, la promotion du rôle des femmes dans la lutte contre le changement climatique : le programme « Femmes & Environnement » s’appuie sur une opération semestrielle de produits-partage. Pour chaque achat réalisé par les clients parmi une sélection de produits éco-responsables du catalogue général RAJA, l’entreprise reverse 1 € à la fondation. L’ensemble des fonds collectés à chaque campagne est redistribué à des projets associatifs en France et à l’international qui soutiennent les initiatives portées par des femmes pour une transition environnementale durable. Au total, tous projets confondus, en moins de 15 ans la fondation aura mobilisé 10 millions d'euros et touché 100 000 femmes dans 55 pays !
Cette approche transversale est au cœur de nombreux projets soutenus par la Fondation de France. Le programme Migrants, par exemple, développe une attention particulière aux parcours des femmes, en soutenant des démarches spécifiques comme la maison Ikamberé, à Saint-Denis. Là, les femmes migrantes porteuses du VIH trouvent une cantine, une écoute, des groupes de parole… la chaleur d’une vraie maison. Et une prise en charge globale de grande qualité : éducation thérapeutique, formation, chantier d’insertion, hébergement-passerelle, accompagnement mère-enfant… tout est organisé pour aider ces femmes ayant souvent vécu des parcours traumatiques, à se reconstruire et à développer un projet de vie. Après 20 ans d’expérience, Ikamberé a franchi un nouveau cap : l’association souhaite formaliser ses méthodes, développer des formations (250 assistantes sociales !) et diffuser son modèle.
Former ainsi des générations de jeunes, ce sont autant de futurs parents qui transmettront des valeurs de respect et d’égalité à leurs enfants… filles et garçons !
Jamais sans... les hommes
Enfin, la Fondation de France aborde la cause des femmes comme une « cause commune » aux hommes et aux femmes. Parce que l’égalité est un bénéfice partagé, elle passe naturellement par l’implication des hommes, et particulièrement des jeunes. C’est l’angle d’attaque retenu par le programme Sida, santé et développement : genre et VIH. « Face au fléau du VIH/sida, nous avons voulu identifier des axes de travail qui aient un fort effet de levier », souligne Karine Pouchain-Grépinet, responsable de ce programme déployé en Afrique et dans des territoires d’Outre-Mer.
En effet, les inégalités femmes-hommes font le terreau de l’épidémie. Souvent en situation de vulnérabilité, les femmes acceptent des rapports non protégés, voire contraints. Et parce qu'elles sont souvent les premières dépistées, l’annonce de leur séropositivité dans un couple ou une famille entraîne fréquemment leur exclusion. « Les projets que nous soutenons apportent un soutien aux femmes vivant avec le VIH, tant dans la prise en charge médicale que sur le volet psychosocial et professionnel, poursuit Karine Pouchain-Grépinet. Mais au-delà, ils s’adressent également aux hommes, notamment aux adolescents, pour les impliquer et les responsabiliser, partager une information fiable sur la prévention, et ouvrir le débat autour des notions de masculinité, de consentement et de responsabilité dans la vie amoureuse et sexuelle. Former ainsi des générations de jeunes, ce sont autant de futurs parents qui transmettront des valeurs de respect et d’égalité à leurs enfants… filles et garçons ! »
Des fondations s'engagent pour le droit des femmes
Mettre l’intelligence artificielle au service de l’égalité réelle, c’est le projet de la Fondation Abéona, abritée à la Fondation de France depuis fin 2017, qui a deux champs d’action. D’une part la recherche médicale : la fondation finance deux projets, sur la sclérose en plaques et sur la maladie d’Alzheimer, affections qui touchent davantage les femmes. Deuxième axe : la recherche sur les dimensions sociales, éthiques et philosophiques de l’intelligence artificielle, notamment pour comprendre comment les algorithmes peuvent êtres « biaisés » par les stéréotypes de genre, de race ou d’âge. Avec l’École normale supérieure, la fondation a créé la chaire « Intelligence artificielle et justice».
Dans les zones rurales du Maroc, les toutes jeunes filles interrompent généralement leurs études à l’issue de l’école primaire. Parmi les obstacles à leur scolarisation : les longs trajets nécessaires pour rejoindre quotidiennement le collège, et les menaces qui pèsent ainsi sur leur sécurité. Pour y répondre, la Fondation Béatrice Schönberg pour l’éducation des filles crée depuis 2014 des internats dédiés. Accompagnées pendant sept ans, les jeunes filles ont toutes obtenu leur baccalauréat et s’engagent dans des études supérieures.
« La révolution numérique va bouleverser nos économies, nos sociétés, nos modes de vie… Pour construire ce nouveau monde, nous avons besoin de tous les talents. Or, les femmes sont massivement absentes des filières de formation et des métiers du numérique ! ». Ce constat accablant motivait, fin 2018, la création de la Fondation Femmes@numérique, abritée par la Fondation de France. Depuis, la jeune fondation a sélectionné sept projets structurants autour d’une mission commune : inciter les jeunes filles à s’intéresser aux filières et aux métiers du numérique, dès le plus jeune âge.
L’une des missions de la Fondation RAJA-Danièle Marcovici est de promouvoir l’éducation et l’insertion sociale des filles et des femmes. Ici en Afghanistan, l’un des nombreux pays où intervient la fondation.