Semaine Bleue : vieillir, une force à partager

Depuis près de 75 ans, la Semaine Bleue (semaine nationale des retraités et des personnes âgées) valorise le rôle positif des aînés dans la société et l’importance des liens intergénérationnels. Dans ce cadre, des milliers d’événements ont été organisés partout en France du 6 au 12 octobre derniers. L’objectif : renforcer les liens entre les générations et nourrir la solidarité auprès des plus fragiles.

« Les aînés, nous avons besoin d’eux, ils ont besoin de nous » : ce slogan a marqué l’édition 2025 de la Semaine Bleue . Coordonné par l’Uniopss  (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux), sous le haut parrainage du ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, l’événement a une nouvelle fois rappelé que vieillesse ne rime pas nécessairement avec déclin et immobilisme.

La semaine a par ailleurs été l’occasion pour le Conseil de l’âge du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge  (HCFEA) de présenter ses dix mesures pour lutter contre l’âgisme, alors que le vieillissement de la population s’accélère en France. D’après le rapport  de février 2023 « Vieillissement de la société française : réalité et conséquences » du Haut-commissariat au Plan, le nombre de Français âgés de 75 à 84 ans va augmenter de 49 % entre 2020 et 2030, passant de 4,1 millions à 6,1 millions.

Les 10 propositions du HCFEA, présentées en conclusion de son rapport  sur « la participation et la contribution économique, sociale et environnementale des seniors », se structurent autour des quatre axes suivants : « Mieux connaitre et mesurer l’âgisme », « Transformer les représentations et les discours », « Renforcer la participation sociale, citoyenne et bénévole des seniors » et « Adapter les politiques publiques à une société de la longévité, accompagner les institutions ».

Enfin, un concours est organisé comme chaque année dans le cadre de la Semaine Bleue pour récompenser six actions illustrant l’importance de la contribution des personnes âgées à la société. Parmi elles, la Fondation de France remet deux prix à des initiatives qui favorisent la reconnaissance des capacités et compétences des aînés et participent à une ouverture des établissements médico-sociaux vers la cité.

Cette année, la Fondation de France a décerné son Grand Prix, doté de 4 000 euros, au projet « Conseils pour plus tard »  mené par la bibliothèque Anne Frank à Longueil-Annel.

L’objectif : déconstruire les idées préconçues sur l’âge et favoriser le lien social intergénérationnel par la réalisation d’interviews en tête-à-tête filmées entre adolescents et seniors.

Après la Semaine Bleue, les jeunes réaliseront le montage vidéo de leurs échanges pour une projection lors de l’édition 2026. Ce sera ensuite au tour des seniors d’interroger les adolescents devant les caméras pour déconstruire les idées préconçues sur les jeunes générations.

« Dans un contexte de polarisation croissante de la société, notamment entre générations, cette initiative crée de la proximité entre les jeunes et les plus âgés. Elle permet notamment aux adolescents, en phase de construction, d’échanger sur des expériences de vie diverses et donc de prendre du recul, et de se projeter dans l’avenir plus sereinement », explique Agathe Gestin, responsable programmes et Fondations abritées Vulnérabilités et inclusion.

Le Second Prix de la Fondation de France, doté de 3 000 euros, a été décerné au projet « En signes et en chœur » porté par l’Ehpad du Pays de Fontainebleau.

Cette initiative réunit des lycéens, des enfants du Relais Petite Enfance (RPE), des résidents de l’Ehpad et des professionnels autour de la langue des signes française (LSF), pour favoriser le lien social et l’ouverture à la différence.

Deux fois par mois, les élèves du lycée Blanche de Castille animeront des séances d’initiation à la LSF auprès de personnes âgées. En parallèle, des jeunes du lycée Uruguay transmettront aux enfants accueillis par le RPE et aux résidents de l’Ehpad des comptines en langue des signes apprises au préalable.

« Cette initiative répond à un enjeu important : la perte de l’acuité auditive chez les personnes âgées et sa prise en charge encore lacunaire dans la programmation d’événements dans les Ehpad », précise Agathe Gestin. « Il rappelle aussi que le lien intergénérationnel n’est pas à sens unique – les seniors ne sont pas les seuls à transmettre – et que les générations s’enrichissent par des apprentissages réciproques », ajoute-t-elle.