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Redonner voix à la jeunesse : le baromètre Eloquentia sur la parole des jeunes

18 juin 2025

Depuis plus de dix ans, Eloquentia défend l’expression orale comme levier d’émancipation. En publiant son premier baromètre national sur la parole des jeunes, l’association, soutenue par la Fondation de France depuis sa création, réaffirme une conviction forte : permettre aux jeunes de s’exprimer, c’est leur donner toute leur place dans la société d’aujourd’hui et construire, avec eux, celle de demain.

Accompagner chacun à prendre la parole avec confiance, transmettre les outils pour s’exprimer, débattre, convaincre : depuis sa création en 2012 par Stéphane de Freitas, c’est la mission qu’Eloquentia  poursuit auprès des jeunes. L’association met en œuvre deux initiatives complémentaires : des concours d’éloquence et des parcours pédagogiques dans les établissements scolaires, du primaire au secondaire. En 2021 et 2022, ces actions ont permis à près de 10 000 jeunes de bénéficier de plus de 7 000 heures d’ateliers de formation sur l’ensemble du territoire.

Après avoir soutenu la structure dans le développement de sa pédagogie et de ses programmes, le collectif d’action « Nouvelles Générations » de la Fondation de France a apporté son soutien à Eloquentia pour la réalisation de son premier baromètre intitulé « Jeunesse & expression orale ». Publié le 4 juin dernier, ce Baromètre, réalisé avec OpinionWay, croise les regards de 1 000 jeunes, 304 enseignants et 200 employeurs. Tous s’accordent sur l’importance de l’expression orale pour le développement personnel et l’insertion professionnelle des jeunes. Pourtant, cette compétence reste encore peu valorisée, et beaucoup de jeunes s’autocensurent ou doutent de leur légitimité à s’exprimer.

Une envie d’expression freinée par l’autocensure

Le baromètre révèle une jeunesse lucide et volontaire mais en quête de légitimité. 80 % des jeunes déclarent avoir déjà renoncé à prendre la parole par manque de confiance, et 24 % par peur des conséquences. Ce frein à l’expression touche plus fortement les jeunes femmes : 30 % n’osent pas donner leur opinion, contre 18 % des jeunes hommes. Leur mal-être est aussi plus marqué : seules 50 % des jeunes femmes affirment avoir confiance en elles, contre 70 % des jeunes hommes.

Malgré ce phénomène marqué d’autocensure, le baromètre révèle une forte volonté d’engagement : 67 % des jeunes interrogés souhaitent s’investir pour une cause. Une envie d’agir qui va de pair avec un besoin de reconnaissance. Comme le souligne François Taddei, président du Learning Planet Institute  : « Il ne suffit pas de les écouter poliment. Il faut dialoguer avec eux, puis co-construire les politiques avec eux. »

Un rôle de l’école encore sous-exploité

Alors que 73 % des jeunes se disent capables de débattre et défendre leurs idées, ils ne sont que 59 % à se sentir à l’aise à l’oral en public. L’école joue un rôle essentiel pour développer les compétences orales, mais elle est encore perçue comme insuffisamment outillée.

Les enseignants partagent ce constat : 63 % jugent que les programmes scolaires ne prennent pas assez en compte ces apprentissages et seuls 43 % d’entre eux estiment que l’école prépare bien les élèves à prendre la parole devant un public. Pour Karine Dijoud, professeure de lettres classiques dans un collège REP+ à Paris, « il faut valoriser la prise de parole, même maladroite, et rassurer. Certains élèves sont très réservés, et je ne veux pas les pénaliser. J’essaie d’évaluer l’oral autrement : récitations, entretiens individuels, sans pression. Il faut que ce soit un moment de confiance, pas un stress. »

Malgré les contraintes, l’envie d’agir est forte : 90 % des enseignants souhaitent créer des contextes favorables à l’expression orale mais ils restent confrontés à des freins structurels : horaires chargés, absence d’outils, formation initiale très centrée sur l’écrit…

Une compétence clé pour l’insertion professionnelle

Dans la sphère professionnelle, l’expression orale est une compétence essentielle pour faciliter l’insertion et favoriser l’évolution professionnelle. Pour 94 % des employeurs, elle est essentielle lors du recrutement d’un jeune et, pour 90 %, elle est déterminante à son intégration. Les compétences orales sont également considérées comme un levier de progression : plus on monte en responsabilités, plus on doit savoir s’exprimer.

Mais là encore, les freins sont bien présents : 72 % des recruteurs observent que les jeunes sont stressés à l’oral, et 51 % d’entre eux constatent qu’ils n’osent pas toujours exprimer leur opinion. Le décalage est particulièrement marqué entre jeunes femmes et jeunes hommes : seules 47 % des premières se sentent à l’aise à l’oral en entretien, contre 65 % des seconds.

« Les compétences orales vont au-delà de l’intégration ou de la progression : elles renforcent la confiance en soi, essentielle pour oser s’exprimer et affirmer ses idées », souligne Isabelle Drouet de la Thibauderie, consultante RH chez Cegos.

Créer les conditions d’une parole partagée

Le baromètre Eloquentia met également en lumière une attente forte de la jeunesse : celle d’un dialogue plus serein et plus constructif dans la société. 93 % des jeunes interrogés identifient au moins un frein majeur à la conversation entre citoyens, qu’il s’agisse du manque d’écoute, des préjugés ou de divisions politiques trop tranchées. Six jeunes sur dix restent confiants dans la capacité de leur génération à dialoguer de manière apaisée sur des sujets de société.

Le cadre reste néanmoins déterminant. Célia Rouis, avocate et ancienne participante du concours Eloquentia, en témoigne : « Il faut oser essayer, échouer, apprendre, évoluer… mais tout cela est facilité par un environnement bienveillant, entouré de personnes qui inspirent et encouragent. Pour moi, Eloquentia a été cet espace. J’y ai trouvé un lieu où ma voix comptait vraiment, où je pouvais m’exprimer sans crainte d’être jugée. »

Car au-delà des sphères scolaire ou professionnelle, la parole est aussi un vecteur de lien social, d’écoute et de citoyenneté. Elle permet de mieux se comprendre, de prendre sa place dans le collectif, d’exercer sa liberté sans exclure celle de l’autre. « Ce qui reste profondément humain, c’est la capacité à dialoguer, à faire preuve d’empathie, à s’adapter à autrui », rappelle François Taddei.

Face aux constats soulevés dans ce premier baromètre, Eloquentia appelle à un sursaut collectif pour replacer la parole au cœur de l’éducation, de l’entreprise et de la vie publique. L’association recommande notamment de généraliser la formation des enseignants à des pratiques pédagogiques actives intégrant l’oral dans toutes les disciplines, d’introduire des temps dédiés à l’expression, à l’écoute et au débat dès le primaire. Mais également d’impliquer davantage les entreprises dans l’accompagnement des jeunes, notamment via des formations à la prise de parole, à la confiance en soi et à l’éloquence.

Découvrir l'intégralité du baromètre

Crédit photo : © Eloquentia


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