Construire son avenir avec Camplus
Depuis 4 ans, l’association Camplus accompagne les lycéens issus de quartiers populaires à mieux se projeter dans l’avenir. Les séjours éducatifs gratuits qu’elle propose, coconstruits avec les participants, permettent de développer la confiance en soi, l’envie de prendre son parcours en main et les compétences pour y arriver. Soutenue par le collectif Nouvelles générations de la Fondation de France, Camplus a déjà permis à plus de 5 000 jeunes de révéler tout leur potentiel.
Créée en 2021, l’association Camplus est née de l’envie d’un groupe d’amis de Sarcelles d’agir contre les inégalités scolaires qui s’étaient creusées durant la pandémie de COVID-19.
Un enjeu crucial : une étude menée par Elise Renaudin pour la Fondation de France en 2025 sur l’orientation scolaire montre que seulement 30 % d’enfants d’ouvriers composent les classes de seconde générale contre 66 % d’enfants de cadres. Les filières professionnelles comptent quant à elles plus de 50 % d’enfants d’ouvriers non qualifiés contre 10 % d’enfants de cadres. La même étude révèle que 50 % des jeunes urbains issus de familles modestes estiment ne pas être capables d’obtenir un diplôme de licence.
Pour que les jeunes issus de quartiers populaires ne subissent plus leur scolarité et leur orientation professionnelle, Camplus organise des séjours éducatifs gratuits d’une semaine avec ateliers de coaching et mentoring. L’association a accompagné plus de 5 000 jeunes depuis sa création, dont 1 500 pour la seule année 2024.
Des séjours en immersion, coconstruits avec les jeunes
Sans critère de notes, la sélection des participants aux séjours repose sur le volontariat et les recommandations d’enseignants, afin de favoriser une vraie mixité de profils, et d’attirer des lycéens âgés de 14 à 17 ans « moins scolaires, qui n’iraient pas naturellement vers ce genre d’initiatives », explique Zinat Nguyen, présidente de Camplus. « Certains jeunes se disent ‘je ne fais rien pendant les vacances, on me propose de partir gratuitement, autant que j’y aille.’ Ils ne se rendent pas nécessairement compte en amont que c’est pour développer des compétences, et ils en ressortent gagnants », précise-t-elle.
Chaque séjour est coconstruit avec les participants. Dès les premiers jours, ils définissent ensemble les règles de vie et identifient les compétences qu’ils souhaitent travailler pour atteindre leurs objectifs. Quatre reviennent systématiquement : la confiance en soi, la méthode d’organisation, la prise de parole en public et la découverte des codes du monde professionnel.
Atelier règles d'or en début de séjour où les jeunes posent de manière ludique le cadre et les règles de vie en communauté.
Des thématiques adaptées aux besoins des jeunes
Les thématiques des séjours sont choisies en amont avec les partenaires locaux (cités éducatives, mairies, associations), pour répondre aux besoins concrets des jeunes. Face aux difficultés pour trouver un stage de deux semaines en seconde par exemple, Camplus a organisé un séjour spécifique avec une première semaine de formation aux codes du monde du travail, suivie d’une semaine de stage dans une entreprise partenaire. D’autres séjours ont porté sur les filières sélectives, l’orientation post-bac avec un axe sur la mobilité géographique, la justice climatique, ou encore la citoyenneté, pour renforcer l’engagement des jeunes en valorisant leurs droits et devoirs citoyens afin qu’ils puissent s’en saisir au mieux.
Afin d’animer les séjours, Camplus fait appel à des intervenants extérieurs. L’association Graine d’Orateur est par exemple intervenue à l’occasion d’ateliers sur la prise de parole, et l’association Banlieues Climat sur des thématiques liées à la justice climatique. Des entreprises partenaires ou des enseignants peuvent également intervenir sur des ateliers de simulation d’entretien par exemple.
Prise de parole d'une jeune lors de la journée d'immersion partenaires.
La démarche pédagogique repose sur trois piliers : savoir, vouloir, pouvoir. « On leur donne accès à l’information pour faire des choix éclairés en termes de projets, d’orientation. On les aide ensuite à dépasser l’autocensure, et enfin, une fois qu’ils ont l’envie, on leur donne les outils pour y arriver. L’objectif est alors de développer des compétences – savoir-faire et savoir-être – pour qu’ils puissent mener à bien leur projet », explique Zinat Nguyen.
La transmission au cœur du projet
Camplus privilégie des pédagogies alternatives pour accompagner les jeunes en complémentarité de leur parcours scolaire. Une pédagogie immersive d’abord : « Avec les séjours, on veut vraiment créer une bulle bienveillante où les jeunes se sentent en confiance. Ils sont loin de leur environnement initial, de leurs problèmes. Ils ne sont pas devant leur classe, avec des élèves qui peuvent se moquer d’eux par exemple », explique Zinat Nguyen. « En coconstruisant les séjours, ils sont vraiment acteurs de leur parcours. Ils ont une vraie marge de manœuvre. On parle aussi de pédagogie active car ils ont l’espace, le temps de faire des erreurs », précise-t-elle.
Vient ensuite la transmission par les pairs : les lycéens sont en effet mentorés par des étudiants et jeunes diplômés, formés au mentorat, animés par l'envie de partager leur expérience, et issus des mêmes quartiers, ce qui crée un vrai sentiment d’identification.
Le projet ne s’arrête pas à cette semaine en immersion. Les jeunes bénéficient ensuite de quatre à six mois de séances de coaching collectives et individuelles avec les mentors rencontrés lors du séjour. Ces moments privilégiés leur permettent d’approfondir les compétences travaillées et surtout de préciser leur projet d’orientation. Chaque lycéen accompagne ensuite à son tour deux collégiens, créant une véritable chaîne de solidarité.
Toucher de nouveaux territoires et publics
Face au succès des séjours éducatifs, Camplus a lancé en 2023 deux nouveaux types de séjours. Camplus Sport , né dans le contexte des Jeux olympiques de Paris, mobilise les valeurs du sport pour toucher des jeunes moins scolaires, et développer leur ambition, leur donner confiance en eux notamment. Camplus Culture , ouvre les séjours à l’international, avec des échanges en Côte d’Ivoire, au Maroc ou au Vietnam, afin de « connecter des jeunesses engagées et créer des ponts entre territoires », explique la présidente de Camplus.
L’association s’est également développer dans d’autres régions. Elle n’agit plus seulement auprès des jeunes d’Île-de-France mais dans quinze territoires, de Marseille à Toulouse, en passant par Poitiers, et jusqu’à la Martinique.
Photo de groupe lors de la journée d'immersion partenaires sur le séjour de février 2025 en Martinique.
Au-delà du développement géographique, l’association souhaite également diversifier les publics auxquels elle s’adresse : « Nous allons lancer un programme pour les jeunes nouvellement étudiants et ceux qui ne sont ni en activité, ni en études : comment préparer l’entrée dans le post-bac, dans la première année, scolairement mais aussi au niveau de la vie étudiante, la santé mentale, le fait de trouver un petit job à côté, etc. », explique Zinat Nguyen.
Camplus souhaite également documenter ses expérimentations pour nourrir les pratiques éducatives. « On pense par exemple à réaliser un documentaire ou à réunir nos partenaires une journée par an pour partager nos pratiques », indique la présidente de l’association.