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Repenser l’orientation scolaire

29 septembre 2025

L’orientation scolaire joue un rôle déterminant dans la trajectoire des jeunes et figure parmi les principaux facteurs d'inégalités. Afin d'agir efficacement sur cet enjeu majeur, le collectif d’action « Nouvelles générations » de la Fondation de France a réalisé une étude et une cartographie des acteurs. Parmi les constats mis en évidence : les inquiétudes persistantes des élèves ainsi que les freins dans l’orientation liés au genre, au milieu social et au territoire.

83 % des jeunes[1] se disent préoccupés par leur orientation, et près de la moitié des étudiants ne savent pas quel choix effectuer au moment clé de leur parcours. Des inquiétudes liées à l’augmentation du nombre de bacheliers et aux mutations rapides du monde du travail. Plus des deux tiers des jeunes souhaiteraient un accompagnement plus soutenu, révélant un besoin croissant de dispositifs efficaces et coordonnés pour sécuriser les parcours et réduire les inégalités.

Des inégalités qui persistent malgré les dispositifs existants

L’étude a abouti à une cartographie de 64 acteurs de l’orientation scolaire, complétée par l’audition de huit acteurs de terrain, les contributions de dix associations et la tenue d’un atelier de co-construction avec les fondations abritées concernées par le sujet. Elle confirme que les déterminismes sociaux, de genre et territoriaux continuent de structurer les parcours scolaires malgré l’objectif des pouvoirs publics d’une « orientation choisie pour tous ».  Les inégalités sociales se traduisent dès la seconde générale, où seulement 30 % des enfants d’ouvriers y sont scolarisés contre 66 % des enfants de cadres. Les stéréotypes de genre demeurent très présents : 62 % des filles suivent les filières professionnelles de services, tandis que 86 % des garçons s’orientent vers les filières de production. L’un des acteurs associatifs interrogé témoigne : « Pour les garçons, les trois mots clés qui reviennent pour parler de leur orientation sont : argent, liberté, réussite. Pour les filles : études, aider, peur d’échouer ». Concernant les jeunes en situation de handicap, au nombre de 468 000 dans le primaire et le secondaire, ils rencontrent des obstacles liés à la localisation de leur établissement et à l’adaptation de leurs parcours. Par ailleurs, un tiers des jeunes vit en zones rurales, particulièrement touchées par la fracture numérique et un manque de structures d’accompagnement. Chaque année, 10 % des élèves quittent le système scolaire avec le brevet comme unique diplôme, souvent en raison d’une orientation mal vécue ou de l’absence de projet. Les stages d’observation, expérimentés en 2024 et généralisés en 2025 pour les élèves de seconde, constituent un progrès notable pour affiner leurs choix, mais là encore l’accompagnement fait souvent défaut pour accompagner les jeunes à obtenir un stage sans appui du cercle familial. La question de l’accompagnement se pose également pour le lycée professionnel où seulement 3,6 % des bacheliers obtiennent une licence en trois ans, malgré la loi Orientation et Réussite des Étudiants (ORE) de 2018 visant à faciliter leur accès à l’enseignement supérieur.

Adultes, institutions et associations au cœur de l’orientation

L’orientation scolaire en France repose sur une diversité d’acteurs – Éducation nationale, ONISEP (Office national d'information sur les enseignements et les professions), régions, réseau Information Jeunesse et associations – qui enrichit l’offre (ressources en ligne, actions d’information sur les métiers…), mais crée une grande hétérogénéité territoriale et rend le système difficilement lisible. Les dispositifs d’information demeurent peu accessibles, en particulier dans les zones rurales et les quartiers prioritaires. Les adultes qui entourent les jeunes, qu’il s’agisse des familles ou des enseignants, jouent un rôle déterminant dans leurs choix de parcours, mais leurs capacités d’accompagnement restent inégalement réparties. La grande majorité des professeurs principaux (85 %) n’ont reçu aucune formation spécifique sur l’orientation, et toutes les familles ne disposent pas des mêmes ressources pour soutenir leurs enfants, renforçant ainsi les écarts existants.

Les associations jouent un rôle important en offrant un regard extérieur, en renforçant la confiance des jeunes et en facilitant le lien avec le monde professionnel, à travers la découverte des métiers, l’accompagnement des choix professionnels, la sensibilisation à l’enseignement supérieur ou la prévention du décrochage scolaire. Elles sont nombreuses à intervenir selon différents angles sur les questions d’orientation : il convient de construire des approches collectives (2 coalitions se sont déjà mises en place) et concertées entre jeunes – parents – professeurs et pouvoirs publics, pour gagner en impact et en efficacité.

Le développement du coaching en orientation et des plateformes payantes, souvent sans garantie de qualité, traduit la tension entre les besoins croissants des jeunes et l’insuffisance d’un accompagnement institutionnel systématique. Quelques établissements expérimentaux, regroupés au sein de la Fédération des établissements publics innovants (FESPI), testent des approches plus inclusives associant davantage les parents aux choix éducatifs, mais ces expériences restent marginales.

Trois pistes pour réduire les inégalités d’orientation

Pour mieux accompagner les parcours des élèves et réduire les inégalités d’orientation, l’étude portée par le collectif « Nouvelles générations » met en avant trois pistes d’action complémentaires, chacune visant à répondre à des enjeux précis du système éducatif et à mobiliser les différents acteurs impliqués. La première consiste à cibler les publics les plus exposés aux déterminismes, en orientant prioritairement les aides vers les élèves des lycées professionnels, les jeunes filles confrontées à des choix de filières genrés et les élèves en situation de décrochage scolaire. Cette piste invite à agir tôt, avant l’orientation en lycée et à valoriser aussi bien les filières académiques que professionnelles, en particulier celles liées au numérique et à la transition écologique.

La deuxième piste met l’accent sur les « premiers prescripteurs » que sont les parents et les enseignants. Leur influence est majeure mais leurs moyens d’action limités. Il s’agirait de leur fournir une formation spécifique et des outils adaptés, tout en encourageant la création d’espaces de dialogue entre les jeunes, leurs familles, les enseignants et les associations pour construire une communauté éducative autour de l’orientation.

Enfin, une troisième piste serait de renforcer les dynamiques collectives à l’échelle des territoires. L’enjeu est de favoriser des alliances réunissant établissements scolaires, associations, familles, entreprises et collectivités pour partager leurs pratiques, expérimenter de nouvelles approches et porter ensemble des projets de plaidoyer. Une telle démarche suppose un financement pérenne et la reconnaissance du rôle structurant des associations dans l’écosystème éducatif. 

Extraits de l’étude sur l’orientation scolaire :
présentation des enjeux et des acteurs

 [1] Baromètre L’Etudiant-BVA 2023 mené auprès de 1609 lycéens et étudiants de la seconde au bac +2