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Jeunes d'ici, objets venus d'ailleurs...

28 décembre 2018

Initié et animé par l’association Alter Natives en 2012, le programme « Zone de Contact/Objets d’ailleurs » propose à des jeunes d’origines culturelles variées de la région parisienne d’explorer l’histoire de l’acquisition des objets extra-européens dans nos musées. Il mêle recherche et action pour favoriser l’appropriation de ces héritages communs et œuvrer sur les fractures sociales et culturelles de notre société.

Dans ce cadre, en 2018, le projet « Retour sur Benincity » a permis à 30 jeunes de 16 à 21 ans de quartiers prioritaires de politique de la ville (Paris, Bagnolet, Montreuil, Romainville) de s’investir pendant plus d’un an dans un travail portant sur des objets du royaume Edo de Benin City (au Sud-Ouest de l’actuel Nigéria) pillés lors d’un sac mené par les Britanniques en 1897 : quelque 4000 objets, principalement des sculptures de bronze et de l’ivoire sculpté, sont aujourd’hui dispersés et exposés dans différents musées européens. « Notre programme aborde des sujets sensibles et qui font débat : le pillage des objets d’art par les puissances coloniales et la question de leur restitution. Souligne Emmanuelle Cadet, Directrice d'Alter Natives.

Emmanuelle Cadet, directrice d'alter natives

« Ce programme est conçu pour et par les jeunes. Il leur permet de voyager – certains n’avaient jamais pris l’avion et n’étaient jamais sortis de France –, d’acquérir des compétences nouvelles, de  prendre l’habitude du travail collectif, avec ses difficultés et ses bonheurs, et de modifier leur rapport avec des institutions culturelles – les musées – dont ils étaient très éloignés. La prise de parole en public, le jeu théâtral, le fait d’être écouté et interrogé par le public, les valorise et renforcent considérablement leur confiance en eux. Le programme les autorise à apprendre de nouvelles choses, d’une manière non-scolaire, dans différents domaines : histoire, français, anglais, etc. ».

L’implication des jeunes a pris de multiples formes tout au long de l’année. Ils ont mené ensemble un travail de préparation documentaire pour comprendre l’histoire de ces objets au travers de recherches dans les archives, sur le web et dans les musées. Ils ont conçu et réalisé un dispositif scénique qui permet de raconter en 4 temps l’histoire de ces objets. Ils ont écrit les textes et préparé des performances théâtrales interrogeant le public de musées européens (Oxford, Vienne, Dresde et Cologne) sur le retour de ces objets dans leur lieu d’origine. A cette occasion, ils ont organisé des prises de paroles, dont certaines en anglais, devant les objets Edo choisis et étudiés, pour transmettre leur savoir et échanger avec le public présent. Ils ont également alimenté et rédigé un blog, organisé un cycle de soirées-débats ouvertes au public dans des lieux de proximité et pu échanger à distance avec de jeunes nigérians menant des recherches similaires sur les objets Edo. Pour toutes ces activités, ils ont été encadrés par des professionnels de disciplines variées : anthropologue, historienne de l’art, conservatrices de musées, graphiste, vidéastes, plasticiens, etc.

La participation des jeunes est donc très active d’un bout à l’autre du programme : c’est leur vision et leur voix qui s’expriment. Alors que beaucoup sont en échec scolaire, cette expérience leur permet d’interroger l’histoire commune mais douloureuse entre le continent africain et l’Europe, d’affirmer une pensée, un point de vue, et de s’ouvrir aux autres et à la multiplicité des cultures. L’annonce de la restitution de 26 œuvres au Bénin par l’Elysée, alors qu’ils envisagent de s’y rendre l’année prochaine, élargit la portée de leur action, puisqu’ils maitrisent les enjeux du vif débat qui débute. Ils deviennent aujourd’hui acteurs d’une nouvelle page de cette histoire commune..

Sans le soutien de Fondation de France, il n’aurait sans doute pas vu le jour ! Car au-delà de l’appui financier, c’est une véritable caution morale qui a été ainsi apportée à notre projet et qui nous a ouvert d’autres portes pour des co-financements », témoigne Emmanuelle Cadet, Directrice d'Alter Natives.

Paroles de jeunes participants

"Avant j'étais très timide. La caméra, le travail de groupe, les voyages, tout cela m'a appris à parler devant des gens, ça m'a servi à l'école, ça m'a aidée en histoire, …" Youma.
" Le projet m'a permis de me cultiver, d'être à l'aise devant une caméra et un public de musée en Europe, de découvrir une histoire de l'Afrique, le sujet de la restitution des objets. Raconter cela aux autres, c'est important !" Assa.