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Un Mooc au service du bien commun

28 mars 2016

Après le Mooc sur les « partenariats qui changent le monde », l’ESSEC et le Rameau ont annoncé lors du dernier forum Convergences le lancement d’un Mooc sur les « alliances qui changent les territoires ». Thierry Sibieude  nous présente avec clarté et passion les enjeux abordés par ce Mooc au service d’une meilleure approche collaborative dans les territoires, et la place que les fondations peuvent y occuper. 

Pourquoi l’approche collaborative représente-t-elle un tel enjeu dans les territoires ? 

Thierry Sibieude, professeur à l’ESSEC, cofondateur et titulaire de la chaire Entrepreneuriat social et directeur de l'Institut de l'innovation et de l'entrepreneuriat socialNous sommes aujourd’hui confrontés à de nombreux défis  (crises environnementales, de l’État Providence, de l’emploi…) que les pouvoirs publics et l’ensemble de la société doivent relever. Pour répondre à ces enjeux, les collaborations sont indispensables. C’est d’abord une nécessité financière : en effet, la contraction des finances publiques conjuguée à l’augmentation des dépenses sociales créent un effet ciseau. D’autre part, la complexité des questions posées requiert des compétences et une technicité très variées qu’un acteur unique est bien en peine de réunir. Par exemple, la prise en charge des personnes sans domicile impose, pour être efficace, que les questions liées à la nourriture, au logement, à l’insertion professionnelle ou encore à la santé soient traitées de manière coordonnée.
Troisième raison, et non la moindre : la collaboration est la meilleure manière de créer des choses nouvelles, d’innover. Dans cette configuration, les pouvoirs publics ne se positionnent plus comme concepteur, puis financeur et contrôleur de politiques publiques (approche top-down), mais comme chargés de créer les conditions nécessaires à l’émergence des idées et solutions nouvelles, dans une approche bottom-up.
 
La  co-construction repose sur trois grands acteurs :

  • les entreprises ;
  • les organismes privés sans but lucratif (associations, fondations) ;
  • les collectivités et les pouvoirs publics à différents échelons (communes, départements, services déconcentrés nationaux et européens). 

L’échelle territoriale est-elle un niveau d’action pertinent pour mettre en place des pratiques collaboratives ?

Absolument, le territoire est un lieu d’activité commun entre ces acteurs, cette coexistence peut générer et occasionner de nouveaux projets et être ainsi une source d’opportunités. Le territoire est un périmètre au sein duquel se déroulent des échanges humains, économiques, culturels et sociaux. C’est un niveau proche de celui du bassin de vie dont l’échelle peut être très variable (de l’infracommunal à l’interdépartemental) et parfaitement affranchie des circonscriptions administratives classiques. Par exemple, la zone de chalandise de certaines entreprises, les espaces transfrontaliers ou les découpages propres à certaines administrations peuvent constituer des territoires tout à fait pertinents.
 
Ce niveau d’intervention territorial permet de mettre en œuvre des projets ancrés localement, qui ont été pensés à partir des besoins identifiés et conçus en mobilisant les moyens disponibles localement. L’échelon territorial s’applique également aux projets numériques, puisque l’on constate que le « virtuel » a d’autant plus d’impact qu’il s’incarne dans une réalité locale (Blended), sa puissance étant démultipliée . En outre, le digital est essentiel pour favoriser l’essaimage et la duplication de projets locaux : il permet à une solution locale d’être connue et d’exister sur d’autres territoires. Le web est désormais le facteur majeur pour disséminer des initiatives territoriales.

Quelle est la place des acteurs de la philanthropie dans ces collaborations territoriales ? 

Historiquement, les fondations distribuaient des moyens financiers à des acteurs investis à la fois d’un rôle d’expert et d’opérateur. Ce mode d’intervention a fortement évolué ces dernières années, les fondations devenant de plus en plus expertes sur les grands axes stratégiques définis par leur gouvernance. Elles sont ainsi de véritables partenaires des porteurs de projets, plus impliquées dans la façon de faire avancer leur cause, et on voit bien l’intérêt que cela peut avoir au niveau territorial. En particulier, les fondations jouent un rôle fondamental pour structurer les démarches portées par des collectifs informels, réunissant sur un territoire donné des personnes autour d’un problème commun, sans réel leadership (Collective Impact).
Un exemple : le Mooc présente le cas de la Fondation Macif, qui fonctionne de façon très décentralisée. Cette présence territoriale lui permet d’animer un groupe d’acteurs engagé dans la conception puis la structuration économique et juridique d’une solution efficace et réplicable pour répondre aux enjeux du grand âge et du numérique en Poitou-Charentes.
Les fondations locales ou territoriales, concentrées sur un territoire, s’inscrivent bien sûr totalement dans cette dynamique : elles jouent un rôle de catalyseur d’idées puis favorisent l’émergence de solutions adaptées aux besoins locaux. Elles constituent donc des acteurs clefs des collaborations territoriales.
 
Les fondations doivent compléter l’action de la puissance publique et non s’y substituer. Aussi, il est important qu’une alliance territoriale fixe des objectifs et développe une stratégie d’intervention claire et partagée avec tous les acteurs, pour profiter de toutes les ressources disponibles, puis se donne les moyens de mesurer les résultats et l’impact.

Et, pour finir, à quel niveau du projet collaboratif considérez-vous que les fondations doivent intervenir ? 

Traditionnellement, les fondations apportent des financements pilotes, en soutien à l’innovation et à l’expérimentation, dans l’attente que le projet trouve son modèle économique. Leur rôle reste essentiel à ce niveau.
Les fondations sont souvent plus réticentes à financer le passage à l’échelle. Je pense pourtant qu’il est fondamental qu’elles accompagnent les projets également dans cette étape, car bien souvent, le modèle économique apparaît lorsque le projet a atteint une taille critique. On a vu ainsi de nombreuses expérimentations couronnées de succès se mettre à dépérir, faute d’avoir su convaincre les fondations ayant financé leur démarrage de continuer à les accompagner dans la phase de croissance jusqu’à l’autonomie.
C’est comme nourrir un bébé pendant 18 mois puis lui demander de se débrouiller. À 11 ans il sera pourtant assez  autonome, à 18 ans encore davantage, et à 25 ans c’est lui qui vous aidera !
 
 
Pour en savoir plus, inscrivez-vous gratuitement à ce Mooc destiné à tous ceux qui souhaitent comprendre la dynamique des partenariats entre associations et entreprises : coursera.org/learn/les-alliances-qui-changent-les-territoires

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