Le 18 novembre s’ouvraient à Lyon les premiers Ateliers du rétablissement en santé mentale. Des rencontres destinées à repérer et promouvoir de nouvelles pratiques d’accompagnement des personnes atteintes de troubles psychiques.
Alors que 13 millions de Français vivent avec une maladie psychiatrique (dépression, schizophrénie, anxiété, addictions, bipolarité…) et que l’impact de la crise sanitaire a largement dégradé la santé mentale des plus fragiles, la santé psychique est plus que jamais un enjeu sociétal majeur.
Mobilisée depuis 15 ans pour le secteur de la santé psychique, la Fondation de France continue de s’engager pour soutenir les pratiques les plus innovantes. Quatre ans après avoir initié les Ateliers Parlons Psy, elle organise en partenariat avec Santé Mentale France, les Ateliers du Rétablissement en santé mentale qui ont pour but de faire dialoguer les acteurs du secteur autour des pratiques de rétablissement et de promouvoir les meilleures initiatives en faveur de l’inclusion sociale et professionnelle des personnes concernées par des troubles psychiques. La première édition de ces rencontres régionales, qui devraient se poursuivre sur tout le territoire, s’est tenue le 18 octobre dernier à Lyon et a réuni près de 400 participants issus du champs médical, médico-social, et associatif.
Depuis 2012, la Fondation de France agit en pionnière sur le développement des pratiques de rétablissement en santé mentale. Cette nouvelle approche d’accompagnement, développée dès les années 70 dans les pays anglo-saxons est particulièrement innovante et vertueuse. Pourquoi ? Parce qu’elle permet aux personnes concernées par des troubles psychiques de se projeter dans un projet de vie, et de redevenir actrices de leur parcours de soin. Comme l’explique Bernard Pachoud, président du Comité Maladies psychiques de la Fondation de France : « C’est un déplacement de focus fondamental qui plutôt que de se concentrer sur la guérison, privilégie la possibilité pour la personne de se rétablir, c’est-à-dire de retrouver les conditions d’une vie satisfaisante grâce au lien social et à l’activité professionnelle. Le rétablissement implique un changement de regard de la société mais aussi de l’individu sur lui-même qui ne s’envisage plus comme un malade et redevient une personne à part entière, capable d’agir sur sa vie, en fonction de ses capacités et de ses désirs. »
Partager et promouvoir des pratiques inspirantes
Lors de ces premiers Ateliers du Rétablissement de Lyon, près de 60 initiatives en faveur de l’accès à l’emploi des personnes, du logement autonome, de l’entraide entre malades, de la participation citoyenne ou de l’expression artistique ont été présentées et partagées. Afin de mieux expliquer les enjeux et la mise en œuvre de ces expérimentations, chacun pouvait participer à des ateliers d’échange, des séances de travail thématiques ou des rencontres ciblées avec les groupes d’entraide mutuelle, les unités psychiatriques ou les associations. Pour l’occasion, 9 projets coups de cœur ont été salués par le jury. Parmi eux, la « Verry Appli », une application mobile de coaching développée par l’association Messidor (soutenue par la Fondation abritée Vincent Verry) pour aider les personnes en situation de handicap psychique à retrouver confiance et autonomie, grâce à des défis quotidiens. Ou encore l’action de l’association ZEST (Zone d’Expression contre la STigamtisation), qui grâce à son dispositif Livres Vivants, lutte contre les préjugés en permettant à des personnes souffrant de troubles psychiques de partager dans l’espace publique le témoignage intime de leur existence.
Nouveaux acteurs, nouvelles pratiques, changement de regard sur la maladie et ses représentations… « Le champ de la psychiatrie semble à l’aube d’une nouvelle ère », affirme Nicolas Franck, membre du Jury de ces Ateliers et psychiatre au Centre Hospitalier du Vinatier de Lyon. Avec le soutien de la Fondation de France, il développe ardemment l’accompagnement par la réhabilitation psycho-sociale. « Ces premiers Ateliers du rétablissement sont plus que nécessaires pour faire connaître et diffuser ce nouveau type de pratiques, poursuit-il. Il faut se fédérer et agir en réseau, c’est le seul moyen d’y arriver à un moment où le secteur est en crise, avec des besoins qui augmentent et une pénurie criante de moyens. Le partage d’initiatives ça permet de renforcer la conviction qu’on va dans le bon sens et ça redonne espoir. Aujourd’hui les prises en charge se concentrent majoritairement sur la réduction des symptômes au lieu de proposer un accompagnement fonctionnel qui redonne aux patients le pouvoir de s’impliquer dans des soins qui font sens pour eux. Et qui soient au service de leur objectif de vie. Il est donc urgent de changer les manières de faire mais aussi de penser ».
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