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Encourager la recherche face à la souffrance psychique

Encourager la recherche face à la souffrance psychique

Santé mentale| 07 Fév.2017

Depuis douze ans, la Fondation de France consacre aux troubles psychiques un programme d’accompagnement médico-social. Son dernier appel à projets met l’accent sur des objectifs clés : repérage des troubles, fluidité des parcours de vie, soutien à l’entourage, déstigmatisation.

Mis en place en 2016, un second programme aborde les maladies psychiatriques par la recherche : il vise à réunir les approches fondamentales et cliniques. Deux programmes complémentaires face à des pathologies aux conséquences sociales et humaines aussi ignorées que douloureuses.

Douze millions de personnes touchées en France, un coût médical de 13 milliards d’euros, 20 milliards si l’on y ajoute le volet médico-social : devant la gravité du phénomène, la Fondation de France a choisi 2016 pour lancer son programme de soutien à la recherche sur les maladies psychiatriques. Fanny Herpin, responsable des fonds individualisés et programmes Recherche médicale, explique : « lorsqu’il s’agit de démarrer un programme, l’importance du problème et la qualité des réponses envisagées ne sont pas les seuls critères à prendre en compte. Agir au bon moment est tout aussi crucial : trop tardive, l’intervention se dilue dans les initiatives existantes. Trop précoce, elle ne trouve pas d’écho. ».

L’interdisciplinarité pour avancer

De fait, depuis deux décennies, les neurosciences connaissent des progrès fulgurants, alors que la compréhension de la physiopathologie des troubles psychiatriques demeure fragmentaire. Or l’industrie pharmaceutique, jusqu’ici source de financement de l’étude et du développement de médicaments spécifiques, a dramatiquement réduit ses investissements. « Dans la mesure de ses moyens, notre nouvel appel à projets entend remédier à cette carence », reprend Fanny Herpin. « Afin de rapprocher la recherche de la réalité de la pathologie, il incitera ses candidats à un fonctionnement interdisciplinaire. Les chercheurs fondamentalistes devront faire équipe avec des cliniciens, des épidémiologistes, etc. » Depuis plus de 15 ans, une synergie analogue a permis à la Fondation de France de faire efficacement progresser les connaissances sur l’autisme.

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Trois questions à Bruno Giros, président du comité Maladies psychiatriques à la Fondation de France

Bruno Giros

Créateur du laboratoire de neurologie et de psychiatrie de l’Inserm, Bruno Giros partage aujourd’hui sa vie entre la France et le Canada, entre l’Institut de Biologie Paris-Seine (CNRS/Inserm) et le Douglas Institute de l’Université McGill, à Montréal. Spécialiste de la physiopathologie des maladies psychiatriques, il vient d’accepter la présidence du comité de recherche sur les maladies psychiatriques de la Fondation de France. Il veut connecter les neurosciences et la pathologie par une approche originale : faire travailler les porteurs de projets en binômes complémentaires. Face à l’autisme, la stratégie avait déjà porté ses fruits voici une dizaine d’années, alors que Bruno Giros présidait le comité de la Fondation de France dédié à cette maladie.

Pourquoi est-il crucial d’encourager la recherche préclinique dans le domaine des maladies psychiatriques ?

Contrairement à la cancérologie ou la cardiologie, la psychiatrie ne peut à l’heure actuelle s’appuyer sur des marqueurs biologiques. Face à un malade en proie à un épisode psychotique, une prise de sang ou un scan cérébral ne fournit aucune information, et le psychiatre doit se fonder sur son expérience clinique. Le défi, très complexe, consiste à connecter deux champs de connaissances – celui relevant des neurosciences et celui relevant de la pathologie – pour obtenir une évaluation objective de cette dernière. Imaginons par exemple qu’un chercheur en sciences fondamentales – ou précliniques, comme je préfère les appeler – ait une hypothèse s’appuyant sur un modèle animal, entre le déficit d’un neurotransmetteur donné et un déficit fonctionnel identifié comme un des symptôme de la schizophrénie ou de la maladie bipolaire. Le modèle animal en question permet de tester une variété de molécules. Or, le chercheur constate que certaines molécules améliorent le déficit étudié. La seule manière de progresser sera de tester cette molécule chez un patient présentant un dysfonctionnement analogue, bien sûr en s’entourant de toutes les précautions indispensables. C’est pourquoi les projets de recherche que voudrait soutenir le comité seront portés par des binômes associant un chercheur préclinique à un clinicien psychiatre ou psychologue. De la même façon, des hypothèses émergeant des sciences humaines et sociales pourront être validées par une approche clinique chez les patients. C’est pourquoi les membres du comité représentent autant que possible les divers domaines concernés.

Comment avez-vous dessiné votre périmètre d’action ?

Nous avons exclu trois types de pathologies : les addictions, car elles sont déjà étudiées par bon nombre de groupes, et nous suivons la maxime de la Fondation de France, « aller là où les autres ne vont pas. » Ensuite, la démence, liée par exemple aux maladies d’Alzheimer ou de Parkinson – qui bénéficie déjà des avancées de la recherche en neurologie. Nous excluons l’autisme également, car la Fondation de France lui consacre depuis longtemps un programme spécifique. En revanche, nous nous pencherons sur la schizophrénie et la dépression ; la première touche 1,5 % de la population mondiale, la deuxième 20 %. Les troubles bipolaires, les troubles du comportement alimentaires et les troubles anxieux font aussi partie de nos cibles. Ils ne sont pas encore identifiables par la seule génétique mais petit à petit, nous percerons leur complexité. J’estime que d’ici dix ans, le paysage aura changé.

Quels seront vos premiers objectifs ?

Tout dépendra bien sûr des projets que l'on nous présentera, mais ma sensibilité personnelle me fera défendre deux voies. D’abord, la recherche pertinente et intelligente de biomarqueurs communs à l’homme et à l’animal. Comme je l’ai dit, nous n’en avons pas, alors qu’identifier des marqueurs ne serait-ce que chez 20 % des patients serait déjà un progrès énorme. La deuxième voie sera celle des programmes de pharmacologie, afin d’enrichir l’éventail thérapeutique. La priorité est d’apporter un progrès aux patients. 


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