Améliorer la prise en charge des patients
Les préjugés attachés aux maladies psychiatriques sont anciens et nombreux. De tous temps, les personnes atteintes de troubles psychiques ont été incomprises, voire rejetées. En France, la schizophrénie, la bipolarité et les dépressions sévères sont devenues un enjeu majeur de santé publique. Aujourd’hui, une personne sur quatre est susceptible de développer un trouble mental au cours de sa vie, et ces maladies touchent particulièrement les jeunes avant 25 ans. C’est pour eux et leurs proches, le début d’une lutte parfois désespérée et solitaire contre la souffrance, la stigmatisation et l’exclusion. Une raison plus que suffisante pour prendre enfin ce sujet à bras-le-corps.
Plus de 20% des Français connaissent un épisode dépressif majeur (au moins six mois) au cours de leur vie.
Le constat peut surprendre mais il est sans appel : nous sommes tous concernés par les maladies psychiatriques. Plus de 20% des Français connaissent un épisode dépressif majeur (au moins six mois) au cours de leur vie. Mais c’est chez les plus jeunes que la situation se révèle la plus alarmante : les maladies psychiatriques se déclenchent souvent très tôt, provoquant un choc terrible aux répercussions durables. La vie de ces jeunes atteints de schizophrénie, de troubles bipolaires ou de dépression sévère sombre dans une forme de chaos. À l’incompréhension face à la maladie et ses symptômes s’ajoute la stigmatisation d’une société obnubilée par des valeurs de vitesse et de performance. Ce n’est pas seulement la vie des jeunes qui est fauchée, c’est aussi celle de tout leur entourage, confronté à un terrible sentiment d’impuissance et de culpabilité.
Une mobilisation sans précédent
Alors que les 5 premières années de la maladie sont primordiales, car elles constituent la phase la plus propice aux chances de rémission, les diagnostics sont bien tardifs. On considère qu’il faut en France, dix ans en moyenne pour diagnostiquer une personne atteinte de schizophrénie et 5 ans pour un trouble bipolaire. Exclusion de la vie professionnelle, lourd sentiment de solitude, vulnérabilité accrue en cas de rejet familial... Submergés par la détresse, de nombreux malades sont poussés au suicide. Face à cette situation critique,
les experts du comité « Recherche Médicale » de la Fondation de France ont décidé d’agir efficacement afin d’améliorer l’accompagnement des patients tout en soutenant la recherche de nouveaux traitements. Un programme global a donc été mis en place, recouvrant l’ensemble des
problématiques rencontrées. Ce programme entend améliorer la prise en charge des patients, promouvoir des solutions concrètes d’insertion dans la société via l’hébergement et l’emploi et veut par ailleurs, donner à la recherche médicale les moyens d’accélérer son développement.
Chiffres clés
En France, 600 000 personnes sont atteintes de schizophrénie.
Perte d'espérance de vie : 9 à 20 ans pour la bipolarité.
107 milliards d'euros, c’est le coût global annuel de la prise en charge des pathologies psychiatriques en France, ce qui en fait le premier poste de dépense hospitalière.
Les axes majeurs de recherche
Comme l’explique le Professeur Bruno Giros, Président du Comité de Recherche sur les maladies psychiatriques de la Fondation de France, « l’originalité de notre démarche repose sur un appel à projets ciblant des binômes de cliniciens et de chercheurs fondamentaux. Cela nous permet d’initier des actions favorisant un échange entre les théories les plus pointues et les aspects d’amélioration des soins et de meilleure compréhension de la maladie ».
Le premier axe sur lequel se penchent ces binômes est l’identification de biomarqueurs : il s’agit d’indicateurs visant à diagnostiquer une pathologie, mesurer son évolution ou l’action d’un médicament. Cette identification favoriserait l’évaluation des patients de la manière la plus objective possible, comme cela a été fait pour le cancer par exemple. Elle faciliterait l’établissement de diagnostics plus rapides et des approches thérapeutiques mieux ciblées. Deuxième volet d’action du Comité : l’évaluation des pratiques de soin. L’objectif est de vérifier leur efficacité au regard de chaque typologie de patients : stimulations magnétiques ou du nerf vague (deux techniques intéressantes pour les dépressions résistantes), différents types de psychothérapie (en complément d’un traitement médicamenteux)... Enfin, le Comité s’attache à l’identification des mécanismes biologiques afin de mettre au point des traitements plus adaptés, avec moins d’effets secondaires. Pour conclure, le Professeur Giros insiste sur le fait que la période est cruciale : « C’est le moment d’y aller ! Les dix ans qui viennent seront décisifs et marqueront de vraies avancées. Nous allons considérablement améliorer nos connaissances pour mieux comprendre la maladie et progresser dans les propositions thérapeutiques ».
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