Rencontre régionale des philanthropes à Marseille : la force de l’engagement
Partager les engagements et échanger sur les actions d’intérêt général, c’est le rôle des rencontres régionales de philanthropes organisées par la Fondation de France. Ce mardi 11 décembre, fondateurs, donateurs et entrepreneurs étaient réunis au palais du Pharo, pour la deuxième édition marseillaise des rencontres des philanthropes.
Mettre l’aéronautique au service de l’humanitaire
Jean-Yves Grosse, président d’Aviation sans frontières
L’engagement, fil rouge de ces rencontres, a été tout d’abord incarné par Jean-Yves Grosse, président d’Aviation sans frontières et grand témoin de cette rencontre. L’heure de la retraite venue, celui qui fit toute sa carrière chez Air France décide de s’engager aux côtés de l’association, qui met l’aéronautique au service de missions humanitaires. Ses actions : expédition de médicaments ou de biens de première nécessité, évacuations sanitaires d’urgence, transport d’enfants malades, accompagnement de réfugiés vers leur pays d’accueil… Autant de vols opérés avec les deux avions de l’association basés en Afrique, dans des contextes souvent difficiles, et en partenariat avec des centaines d’ONG et d’organisations internationales. Si l’association intervient principalement à l’international, elle agit aussi en France : Aviation sans frontières propose à des personnes handicapées ou des enfants malades de voler au-dessus de la forêt de Fontainebleau, de la montagne Sainte-Victoire… une véritable source d’émerveillement !
Regards croisés de philanthropes
C’est encore d’engagement mais aussi de responsabilité d’entreprise dont il était question lors de la table ronde, où les intervenants ont partagé avec sincérité et conviction leurs expériences de philanthropes sur le territoire.
Transmettre les valeurs du groupe
Marie-Pierre Fabre, présidente du fonds de dotation Compagnie fruitière
Deux voyages initiatiques, en Afrique et au Costa Rica, lors desquels Marie-Pierre Fabre dit avoir ressenti un « choc des inégalités », ont suscité son engagement. Si au départ l’activité de mécénat et de RSE de la Compagnie fruitière était principalement orientée vers le continent africain, le fonds de dotation se consacre désormais beaucoup au territoire marseillais : distribution de mallettes artistiques dans les écoles afin d’initier les enfants à la culture et à l’art, développement d’activités agro-écologiques sur une friche urbaine à Marseille… les champs d’intervention sont variés et s’appuient souvent sur des partenariats, avec la manifestation artistique MP2018 ou la Fondation de France par exemple.
Une fondation d’entreprise qui fédère les collaborateurs
Antoine Recher, directeur des ressources humaines et du développement responsable du groupe Onet
Le point de départ de la création de la fondation d’entreprise Onet a été une tragique découverte : « C’est en apprenant que l’un de nos collaborateurs était sans abri et dormait dans sa voiture que nous avons décidé de créer une fondation pour lutter contre le mal-logement », a expliqué Antoine Recher. Tous les projets soutenus par la fondation sont proposés et menés par les salariés : une manière de renforcer la cohésion et de faire tomber les barrières hiérarchiques.
La philanthropie pour lutter contre l’injustice
Denis Philipon, co-fondateur de Voyage privé et président de Provence Rugby
Denis Philipon estime faire partie des « gagnants de la vie » : mauvais élève, il dit devoir sa réussite au milieu favorisé dans lequel il est né. Cette conscience des inégalités, associée à une réflexion avec les salariés de son entreprise, est à l’origine de la création de l’École des XV. Son objectif : lutter contre le décrochage scolaire des enfants habitant les quartiers défavorisés d’Aix-en-Provence, en leur proposant un programme de soutien scolaire et de pratique du rugby. L’initiative porte ses fruits : « L’histoire d’une jeune fille, Leila, est emblématique. Alors qu’elle était devenue le souffre-douleur du collège, la pratique du rugby lui a permis de prendre confiance en elle. Une confiance qui s’est ressentie dans ses résultats scolaires : elle est aujourd’hui en seconde, aspire à passer son bac, et connaît par ailleurs une belle progression dans le rugby. Son visage est radieux, l’École des XV l’a transformée », évoque Denis Philipon. Une initiative sous-tendue par une vision très engagée de l’injustice sociale : « Notre modèle économique de partage des richesses ne tient plus, la redistribution financière doit se faire plus largement. La plus belle des transmissions, c’est l’amour, l’éducation… pas un patrimoine. »
Le mécénat ? Un privilège et une responsabilité pour les entreprises
Raymond Vidil, président de Marfret
Raymond Vidil, armateur, a beaucoup navigué... un métier ouvert sur le monde, mais un engagement ancré localement, pour le rayonnement culturel de Marseille et sa région. Après s’être mobilisé pour que Marseille soit capitale de la culture en 2013, il a souhaité voir cet élan prolongé. Il préside l’association MP2018 qui a proposé, avec le soutien des acteurs culturels et économiques de la région, 450 événements cette année. Derrière cette initiative, il y a une vision forte du rôle sociétal de l’entreprise, qui se doit d’associer ses salariés à la politique de mécénat. Pour Raymond Vidil, « la loi Aillagon, en associant les entreprises à l’intérêt général, a considérablement changé les choses. C’est à la fois un privilège et une responsabilité ».
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