Du design pour améliorer le confort des cellules
Le designer Tristan-Moana Engel intervient dans les centres de détention et organise une exposition d’objets créés par des prisonniers.
L’histoire commence au parloir. Tristan-Moana Engel, étudiant en design en dernière année à la Haute école des arts du Rhin (HEAR) de Mulhouse, rend visite à un détenu. Il découvre, au fil des discussions, tout ce que les prisonniers font pour améliorer leur environnement quotidien : un drap tendu au-dessus d’un lit pour créer un peu d’intimité, un sac plastique autour d’une ampoule ou un plafonnier repeint, pour obtenir une lumière plus douce, des balles de tennis pour atténuer les crissements des chaises métalliques sur le sol en béton… « Des petites choses, mais qui leur apportent beaucoup », souligne Tristan-Moana Engel. Le designer, devenu entre-temps intervenant en milieu carcéral, organisera au printemps prochain à Mulhouse une exposition d’objets et de mobilier fabriqués par des détenus.
Matériaux recyclés
Tristan-Moana Engel a d’abord effectué un stage à l’atelier de menuiserie de la maison d’arrêt de Mulhouse, où il a fabriqué des objets et du mobilier avec les détenus du quartier des mineurs. Cette première expérience dans le milieu carcéral lui a ouvert les portes d’un autre centre de détention, à Oermingen (67), où il anime son propre atelier de fabrication. « Selon le souhait du détenu, nous fabriquons du mobilier, des objets fonctionnels, tels que des petites tables et étagères, des cadres photos. L’objet fini a trois destinations : soit le détenu le ramène dans sa cellule, soit il souhaite l’offrir à un proche, soit il le garde pour le récupérer à la sortie », détaille Tristan-Moana Engel. Lorsque l’objet est destiné à la cellule, il est d’abord examiné par la direction de l’établissement. « Ce n’est pas tant la dangerosité qui est évaluée, que l’encombrement au sol », précise Tristan-Moana Engel. Les objets et meubles sont conçus à partir de chutes de matériaux, essentiellement du bois, issus des autres ateliers de travail du centre de détention.
Une exposition en 2021
Une partie de ces productions sera visible dans une exposition que le jeune designer souhaite monter en mai ou juin 2021. « La société a de fausses idées sur la prison, je souhaite en montrer une autre image », explique-t-il. L’exposition se tiendra dans un local commercial non utilisé, pour pouvoir être vue par un maximum de monde. Pour ce projet, Tristan-Moana Engel est accompagné par la Mécanique des Idées et a obtenu un budget de la ville de Mulhouse. La prochaine étape, en suspens notamment à cause de la crise sanitaire et de ses conséquences, est l’obtention du local pour pouvoir concevoir l’exposition et commencer à communiquer dessus. Le designer, qui sera diplômé en 2021, souhaite ensuite continuer à rendre le design accessible à un maximum de publics. Il est en contact avec la mission locale de Mulhouse, Sémaphore, pour aider des jeunes personnes avec peu de moyens à fabriquer leur propre mobilier.
Et la Mécanique des idées ?
« J’ai pu bénéficier de conseils qui m’ont permis d’avancer pour mon projet d’exposition, sur les personnes à contacter ou les statuts à adopter ».