À l’Ecole des Semeurs, dans l’Eure, des jeunes en échec scolaire reprennent goût aux apprentissages en se préparant aux métiers du maraîchage biologique. Une formation qui fait sens à l’heure des grands défis environnementaux et qui redonne espoir à ces élèves en manque d’horizon.
Sur les terres de l’École des Semeurs à Mesnil-sur-Ouche, la protection de l’environnement et l’agriculture durable sont déjà une réalité. Depuis qu’elle a ouvert ses portes en 2020, cette école de production soutenue par la Fondation de France, accueille des adolescents en rupture avec le système scolaire classique pour les former aux métiers du maraîchage biologique et à la vente en circuit-court. Une formation placée sous le signe du respect de l’environnement et d’un rapport concret aux savoirs et aux techniques qui leur permet de reprendre goût au apprentissages. Agés de 14 à 18 ans, ces jeunes au parcours parfois difficile, vivant en foyer ou souffrants de troubles autistiques avérés préparent ainsi leur CAP, en petit effectif et encadrés par une équipe pédagogique à leur écoute. « Pour la plupart d’entre eux, la motivation première était de pouvoir travailler au grand air, de pouvoir bouger et ne pas se sentir enfermé dans une classe sans trouver de sens à ce qui était enseigné. » explique Marie-Cécile Pennequin la jeune directrice de l’Ecole des Semeurs.
Retrouver du sens au contact de la nature
Ici en effet, une grande partie du temps, plus 60%, est réservée aux ateliers pratiques : semis, bouturage, suivi de culture, récolte et préparation des fruits et légumes pour la vente. Et pour ce qui est l’espace de travail, les élèves ont la chance de disposer de 4,5 hectares de terres maraîchères jouxtant le Château de Beaumesnil ainsi que de plusieurs serres de culture. « Ce contact avec le monde du vivant est une découverte pour beaucoup d’entre eux, et on voit à quel point la relation à la nature, à la terre est essentielle et bénéfique. La nature a beaucoup de choses à nous apporter, et davantage encore à ces enfants. Ils sont plus apaisés, ils s’entraident et surtout sont très fiers de voir ce qu’ils sont capables de faire pousser ! Ça leur redonne confiance en eux. »
Des jeunes plus confiants qui retrouvent espoir
Cette fierté retrouvée se concrétise notamment lors des ventes sur les marchés voisins qui ont lieu tous les mercredis. Les jeunes sont alors aux commandes de leur étal et en contact direct avec la clientèle à laquelle ils proposent leurs productions maison et bio ! Pour certains, cette expérience à l’Ecole des Semeurs a été comme une révélation, quatre des étudiants de deuxième année comptent déjà, une fois leur CAP en poche, monter leur entreprise de vente maraîchère en circuit direct. La sensibilisation à l’agriculture durable porte elle aussi ses fruits. Encouragés par l’équipe éducative et les maîtres professionnels, ils savent désormais que le recours aux pesticides ou à d’autres intrants chimiques n’est pas une nécessité, et qu’on peut très bien récolter de bons légumes sans abîmer les sols.
Souvent en manque de repère et d’horizon, les anciens décrocheurs semblent avoir trouvé ici un cadre, le goût de bien faire et la satisfaction d’interagir avec une nature généreuse. Mieux encore, certains commencent à prôner les bienfaits d’une alimentation plus saine. Ainsi, l’un des élèves a convaincu les cuisines de son foyer de se fournir en produits frais directement à l’école des Semeurs. Sûrement fier du travail accompli.
