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Créer du lien pour une pêche locale durable

4 juillet 2025

Depuis 2018, l’association Pleine Mer tisse inlassablement des liens entre les pêcheurs artisans et les consommateurs pour promouvoir une pêche locale, équitable et respectueuse de l’environnement. Soutenue depuis fin 2024 par la Fondation de France, elle porte la voix d’un secteur souvent oublié : celui des petites unités côtières, essentielles à l’économie des littoraux mais fragilisées par la concurrence industrielle et la répartition des quotas de pêche.

« Soutenir la pêche artisanale, c’est d’abord apporter une aide à la vente directe, afin de donner plus de visibilité aux pêcheurs locaux et de leur permettre de vivre de leurs activités », explique Thibault Josse, directeur de l’association Pleine Mer . C’est dans ce but que l’association a mis en ligne en 2020 une cartographie participative permettant de géolocaliser des points de vente locale sur l’ensemble du territoire métropolitain français. « Au lancement de la première carte, nous sortions tout juste du premier confinement et il y avait un regain d’intérêt pour les circuits courts, le manger local… Notre carte a rencontré un fort succès auprès des consommateurs, notamment grâce à un important relais médiatique ». Améliorée au fil des années, cette cartographie compte aujourd’hui plus d’un million d’utilisations depuis son lancement, à raison de 400 à 500 connexions quotidiennes, et recense près de 530 points de vente locale à travers la France.

Face à la spéculation sur les quotas de pêche, le lancement d’une foncière solidaire de la mer

En multipliant les rencontres avec les pêcheurs sur l’ensemble du territoire, l’association a mis le doigt sur une autre problématique majeure pour la pêche artisanale : la répartition des quotas de pêche. « En France, le système repose sur des quotas alloués par bateau, en fonction de leurs antériorités de capture sur des années de référence, précise Thibault Josse. Cela crée une double difficulté. Déjà, cela encourage les bateaux à pêcher massivement pour acquérir un maximum de quotas, avec un impact environnemental négatif. Ensuite, cela gonfle artificiellement la valeur des bateaux, dont le prix peut aller jusqu’à 300 000 euros et qui deviennent de fait inaccessibles économiquement pour des pêcheurs artisanaux ».

Pour répondre à cet enjeu, l’association a imaginé « Mer de Liens », une foncière de la mer solidaire destinée à aider les pêcheurs, notamment les jeunes en début d’activité. L’objectif ? Acquérir des bateaux et les quotas de pêche associés grâce à des levées de fonds citoyennes, et les mettre à disposition d’artisans pêcheurs. Ces derniers doivent signer un contrat stipulant qu’ils exercent leurs activités en conformité avec les valeurs portées par Pleine Mer. L’association garde la pleine propriété des bateaux et des quotas de pêche afin d’éviter toute spéculation et de garantir l’accès à ces équipements exclusivement à des pêcheurs artisanaux. « Nous allons lancer la première levée de fonds de Mer de Liens en septembre 2025, avec l’ambition de récolter entre 500 000 euros et 1,5 million d’euros, annonce Thibault Josse. Cela nous permettrait d’acheter un premier bateau en début d’année prochaine et d’aider un pêcheur à s’établir d’ici la fin du premier trimestre 2026. »

Sensibiliser aux enjeux climatiques et à la préservation de la biodiversité

Le travail de terrain mené par Pleine Mer est complété par des actions de sensibilisation à destination du grand public. L’association produit par exemple un podcast (« La vie de ma mer »)  dans lequel elle aborde différents thématiques en lien avec le secteur de la pêche. Elle collabore également avec les établissements scolaires en leur fournissant des supports pédagogiques adaptés : exposition photo clé en main à afficher directement au sein des établissements scolaires pour montrer la réalité de la pêche locale, livrets éducatifs destinés aux 7-11 ans pour leur faire découvrir de manière originale et ludique les enjeux de la pêche durable, etc.

UNOC 2025 : la pêche locale espère des actions concrètes

La troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC)  qui s’est tenue à Nice en juin 2025 a été marquée par des annonces significatives : ratification par plus de 50 Etats du Traité Biodiversity Beyond National Jurisdiction (BBNJ), création en Polynésie française de la plus grande aire marine protégée du monde, renforcement des contrôles et de la collaboration internationale contre la pêche illicite, non réglementée et non déclarée (INN)…. « Il y a eu des grandes annonces mais il est évidemment bien trop tôt pour mesurer si cela va avoir des conséquences positives pour la pêche locale, et plus globalement pour les environnements marins », explique  Thibault Josse. Dans un communiqué publié peu avant l’ouverture de l’UNOC , l’association rappelait l’absolue nécessité d’accorder une plus grande reconnaissance à la pêche artisanale pour répondre aux enjeux de transition écologique, de souveraineté alimentaire et de préservation des emplois locaux.

L’association mène par ailleurs des campagnes de plaidoyer à grande échelle pour lutter contre les projets de pêche industrielle dont elle déplore les conséquences environnementales et l’impact économique pour les artisans pêcheurs. Elle a notamment organisé des manifestations lors de l’inauguration de chalutiers géants à Concarneau en 2020 ou à Saint-Malo en 2024. Ces actions, menées aux côtés d’autres ONG comme Greenpeace et BLOOM, visent à dénoncer l’empreinte écologique du chalutage en haute mer et la poursuite d’une concurrence déloyale pour les flottilles côtières.

© Crédit photo : Pleine Mer


#CAUSEDUMOIS\MER ET LITTORAL