Atelier fondateurs : comment accompagner les femmes dans ce contexte de pandémie ?
Le 14 juin, huit fondations abritées, mobilisées pour la réalisation de l’ODD 5 en faveur de l’égalité des sexes, ont participé à un échange sur Zoom, dans un contexte de pandémie qui a fait reculer les droits des femmes et a accru les violences.
Pascale Rousseau-Dewambrechies, vice-présidente de la Fondation de France et fondatrice de la Fondation L’Accompagnatrice, a rappelé la finalité de l’ODD 5 : « L’égalité des sexes n’est pas seulement un droit fondamental à la personne, elle est aussi un fondement nécessaire pour l’instauration d’un monde pacifique, prospère et durable ». Une manière de rappeler l’enjeu considérable que recouvre cet ODD, qui mobilise de plus en plus de fondations.
Déployer plus largement les initiatives en faveur des femmes
Invitées à cet atelier, Ghada Hatem, gynécologue et fondatrice de La Maison des femmes de Saint-Denis, et Bouchera Azzouz, réalisatrice et essayiste, à l’origine des Ateliers du féminisme populaire, ont partagé avec les fondations présentes leur projet et insisté sur l’importance du soutien de la philanthropie, qui agit comme un véritable catalyseur.
Ghada Hatem a présenté le modèle très innovant de La Maison des femmes, qui permet une prise en charge complète des femmes en difficulté ou victimes de violences : santé bien sûr, mais aussi soutien psychologique, administratif, juridique… « Le nombre de patientes prises en charge à La Maison des femmes est de 5000 en 2020. Nous avons réalisé 14 000 consultations. Certaines viennent une fois, d’autres 25. Nous devons augmenter nos ressources humaines », a détaillé Ghada Hatem. Face au succès rencontré, le collectif Re#Start a été lancé : il rassemble les structures accompagnant les femmes en difficulté afin de partager les compétences et connaissances entre professionnels. Re#Start permettra le déploiement d’autres Maisons des femmes – une initiative rendue possible grâce à l’engagement de fondations qui soutiennent ce projet pour une durée de 10 ans.
Pour Bouchera Azzouz et les Ateliers du féminisme populaire, qui accompagnent les femmes des quartiers populaires dans leur émancipation, c’est aussi le moment de se déployer plus largement. Cela sera rendu possible dans quelques mois grâce à une plateforme digitale qui s’appuiera sur des associations existantes afin d’accompagner les femmes qui le souhaitent. « Plusieurs milliers de femmes pourront ainsi bénéficier chaque année du programme afin de mener leur projet, qui peut prendre des formes très différentes : entrepreneuriat, projet artistique ou culturel, employabilité… », a indiqué Bouchera Azzouz. Elle a également plaidé en faveur d’un soutien massif à l’autonomisation des femmes des quartiers populaires.
Fondations : une connaissance fine des besoins sur le terrain et un engagement croissant
Anne Monier, chercheuse à la chaire Philanthropie de l’Essec, a souligné le rôle fondamental de la philanthropie pour faire avancer la cause des femmes : grâce à sa flexibilité, elle peut expérimenter et prendre des risques. La proximité qu’elle entretient avec les porteurs de projet permet de mener des actions en phase avec les besoins sur le terrain. Les fondations ont également un rôle à jouer en matière de plaidoyer, et peuvent faire le pont avec la société civile. Anne Monier a appelé à « prendre en compte l’ODD 5 de manière transversale, en lien avec les autres ODD, et à l’intégrer systématiquement dans tous les projets soutenus ».
Entre 2016 et 2019, la Fondation de France et les fondations abritées ont soutenu plus de 1000 projets ayant un impact sur l’ODD 5, pour un montant total de 17,8 millions d’euros. Alexandre Giraud, directeur du mécénat de la Fondation de France, a souligné une prise de conscience croissante pour les sujets d’égalité entre les sexes. De prochains ateliers seront organisés dans les mois à venir afin de mettre en commun les expertises, les connaissances et des moyens pour faire avancer l’égalité femmes-hommes.
POUR ALLER PLUS LOIN
→ Fondations abritées : tous les temps forts
→ Lutte contre les violences faites aux femmes : le rôle crucial de la philanthropie