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Les cercles de donateurs asiatiques arrivent à maturité

06 Avr.2018

D’après des recherches menées en Asie, les cercles de donateurs (giving circles) encourageraient leurs membres à donner plus, et de façon plus éclairée.

Des études récentes aux États-Unis, en Europe et en Asie ont révélé une très forte hausse du nombre d’adhérents à des cercles de donateurs, ce que vient conforter les dernières recherches que nous avons menées en Asie. Elles indiquent que l’adhésion à un cercle de donateurs induit chez leurs membres une plus grande générosité, une approche plus stratégique du temps et de l’argent investis, et a également un effet positif sur leur attitude à l’égard des organisations à but non lucratif et de la philanthropie.

Les cercles de donateurs contemporains sont des groupes de personnes auto-organisés, qui mutualisent leurs dons et choisissent ensemble les organisations qu’ils financent. S’inscrivant dans la longue tradition des actions philanthropiques collectives,  comme les soupes populaires de l’époque victorienne et les Rotary clubs aux États-Unis, ces cercles ont enregistré une forte croissance pendant la dernière décennie. D’après le Collective Giving Research Group, le nombre des cercles de donateurs a triplé aux États-Unis depuis 2007, pour un montant total de dons de 1,2 milliard de dollars.

Plus d’un tiers des répondants à l’enquête des donateurs australiens publiée dans le rapport Giving Australia 2016 ont indiqué donner de façon collective.

Notre récente étude, menée en 2017, confirme ces résultats et enregistre une augmentation sensible en Asie des cercles de donateurs, dont nous estimons que le nombre a presque doublé depuis 2014, passant à 66 répartis dans neuf pays. La plus forte croissance a eu lieu en Australie, qui compte 21 cercles aujourd’hui contre 9 en 2014. Elle est due à l’expansion des réseaux importés et à la formation de nouveaux cercles locaux.

« L’adhésion à un cercle de donateurs permet de connaître le monde du don, ce qui se traduit par des dons plus généreux et plus stratégiques. »

La croissance : une incitation à mener des études

Par conséquent, l’étude des cercles de donateurs constitue un nouveau domaine important de la recherche appliquée. Avant d’exposer de façon détaillée les résultats de notre étude 2017, il convient d’en préciser le contexte. Des études réalisées par Jessica Bearman et Angela Eikenberry* ont établi un cadre nous permettant de comprendre les caractéristiques des dons collectifs et la façon dont la participation a modifié le comportement et les attitudes des donateurs. Elles montrent que l’adhésion à un cercle de donateurs permet de connaître le monde du don, ce qui se traduit  par des dons plus généreux et plus stratégiques. Par ailleurs, les adhérents ont acquis une meilleure connaissance des besoins sociaux sur leur territoire et de l’action des organismes à but non lucratif, ce qui  a accru le bénévolat de temps comme de compétences. Les chercheuses ont montré que la majorité des cercles de donateurs sont indépendants, mais placés sous l’égide d’une autre organisation, souvent une fondation territoriale, qui fournit un cadre de partenariat stratégique ou un soutien administratif.

Dans une précédente étude menée en 2014 («Virtuous Circles : the growth of collective philanthropy in Asia » (Les cercles vertueux : la croissance de la philanthropie collective en Asie), Alliance 19, N° 1), nous avons recensé 35 cercles de donateurs répartis sur huit pays, que nous avons classifiés selon deux types : les cercles issus de réseaux existants aux États-Unis ou au Royaume-Uni qui avaient été importés en Asie, et les initiatives locales. Les cercles importés, même ceux qui fonctionnent comme des franchises, ont besoin d’un fort leadership local et font preuve d’autonomie pour façonner l’orientation de leur organisation au service du contexte local.

C’est ainsi que les membres fondateurs du cercle Social Venture Partners de Melbourne se sont écartés de la pratique en vigueur aux États-Unis pour créer une structure à financement double, qui leur donne plus de flexibilité pour attribuer soit des subventions  aux organisations caritatives, soit des fonds propres et des prêts aux entreprises sociales locales. L’étude a également montré que les cercles de donateurs en Asie, qu’ils soient importés ou locaux, recouvraient une large palette de montants de dons versés dans le fonds mutualisé. Focus India Forum, un cercle de 250 expatriés indiens à Singapour, a demandé à ses adhérents de verser une contribution de 16 $ par mois, mais un bon nombre d’entre eux dépassent ce montant grâce à un prélèvement sur leur salaire. À l’autre extrémité, la dizaine de membres des Dasra Giving Circles en Inde s’étaient engagés à verser chacun 20 000 $ par an au cours des trois ans de durée de vie du cercle.

Cependant, l’ensemble des cercles de donateurs sur lesquels a porté l’étude encourageaient leurs adhérents à faire des dons situés entre ces deux extrêmes, s’élevant généralement à plusieurs milliers de dollars par an.

L’étude de 2017

Dans notre dernière étude** réalisée au premier semestre 2017, nous avons interrogé les adhérents de 38 cercles de donateurs se trouvant dans huit pays asiatiques. L’engouement croissant pour les dons collectifs dans la région nous a incités à nous pencher sur cette question : l’adhésion individuelle à un cercle permet-elle de développer la connaissance et la pratique de la philanthropie, ainsi que l’avait constaté une étude précédente aux États-Unis et au Royaume-Uni ?

188 personnes issues de 38 cercles de donateurs en Australie, en Chine, en Corée du Sud, à Hong Kong, en Inde, en Nouvelle-Zélande, à Singapour et au Vietnam ont répondu à notre enquête. 83 % d’entre eux étaient actifs dans leur cercle depuis un an au moins, et près de la moitié faisaient des dons collectifs depuis trois ans. La majorité (63 %) a été recrutée dans le cercle par des amis ou des collègues déjà adhérents. Cette croissance organique portée par les pairs, fondée sur la confiance, sur des réseaux et des intérêts communs, est importante les premières années après la création d’un cercle de donateurs. Deux tiers des membres apprécient les aspects sociaux du cercle, –  nouvelles rencontres, partages d’expériences, dîners et manifestations sociales –, et près de la moitié consacrent entre une et dix heures par mois aux activités du cercle. Une partie de ce temps est dédié, à titre bénévole, à l’évaluation de nouveaux projets ou à conseiller les organisations auxquelles le groupe a choisi d’apporter son soutien.

Selon les réponses à l’enquête, plus de la moitié de ce bénévolat en faveur des organisations à but non lucratif serait « qualifié », comme par exemple les conseils prodigués en matière de stratégie, de levée de fonds ou de programmes. Si l’action de la plupart des cercles est concentrée sur le territoire de leurs adhérents, le cercle australien PiCCA (Partners in International  Collaborative Community Aid) se démarque par son choix de soutenir des actions de développement à l’extérieur du pays, et ses membres se déplaçent à l’international pour évaluer et soutenir les projets.

« Deux tiers des membres apprécient les aspects sociaux du cercle… Et près de la moitié consacrent entre une et dix heures par mois aux activités du cercle. »

La compétence des pairs conduit à des dons plus éclairés

Le niveau relativement élevé d’engagement qualifié de la part des donateurs est essentiel pour les cercles, qui peuvent ainsi apprendre à leurs membres à mieux pratiquer la philanthropie en travaillant avec des organisations à but non lucratif et aux côtés d’autres membres. De nombreux cercles organisent par ailleurs des activités pédagogiques afin d’ajouter la découverte du terrain à la sensibilisation théorique. La majorité des membres ayant répondu à l’enquête estiment être mieux informés sur les questions sociales et le secteur caritatif (86 %), et avoir une appréciation plus positive de l’action des organisations à but non lucratif (87 %). Le commentaire d’un répondant illustre parfaitement cet aspect : « Être membre d’un cercle de donateurs m’a permis de mieux comprendre les problématiques touchant notamment les femmes et les enfants, ainsi que la façon dont les ONG mènent leurs actions pour lutter contre ces problèmes. »

Plus d’engagement, plus de dons

Mieux informer et impliquer les donateurs permet d’augmenter le montant des dons de plus de la moitié d’entre eux (55 %), qui estiment que leurs dons sont plus éclairés, stratégiques et orientés vers les résultats (58 %). Il s’agit là de modifications intéressantes dans les pratiques individuelles de dons, qu’on retrouve dans des études comparables menées aux États-Unis et en Australie. La participation à un cercle de donateurs serait, à titre individuel, un vecteur majeur pour progresser dans son parcours de don.

Cela procure aux membres des expériences et un niveau de satisfaction qui est plus généralement associé à la philanthropie institutionnelle des fondations ou des trusts familiaux. Un répondant l’a exprimé en ces termes : « Être dans un cercle de donateurs m’a permis de me rendre compte qu’en travaillant avec des personnes qui partagent le même état d’esprit, nous pouvions contribuer à être des acteurs du changement. » Par ailleurs, beaucoup de cercles que nous avons interrogés ont accru leur impact social en collaborant avec les fondations territoriales ou institutionnelles, et d’autres cercles. SVP India est allé plus loin en matière de collaboration en organisant une action d’ « impact collectif » à laquelle ont participé ses délégations et d’autres parties prenantes.

L’engouement pour les cercles de donateurs s’amplifie à travers le monde. Vont-ils devenir ce que le Denver Post considère comme l’une des « façons dont le monde de la philanthropie pourrait changer en 2018 » ?

En tout état de cause, nous savons déjà, d’après les études menées en Amérique, en Asie et en Europe, qu’ils contribueront pleinement à façonner une nouvelle génération de donateurs.


*La plupart de cette recherche novatrice est résumée dan Giving Circles : Philanthropy, Voluntary Association and Democracy, Angela Eikenberry, Indiana University Press, 2009.

**Circles of Influence : The Impact of Giving Circles in Asia, Rob John, NUS Business School, Singapour, 2017. 

Cet article a été publié dans le magazine Alliance de mars 2018.

Rob John est associé au Centre for the Study of Philanthropy and Public Good, université de St. Andrews (Écosse)

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