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Trois questions au Professeur Thierry Baubet, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent

21 juin 2021

Spécialiste du stress post-traumatique, Thierry Baubet préside le comité d’experts du programme Ensemble face au terrorisme de la Fondation de France.

Trois ans après les attentats du 14 juillet sur la promenade des anglais, de nouvelles victimes continuent de se faire connaître et appellent à l’aide. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

Ce mécanisme est bien documenté scientifiquement. A chaque événement traumatique, une minorité significative de victimes va se révéler avec un retard, de plusieurs mois voire de plusieurs années. Avec deux cas de figure. D’abord des personnes qui souffrent effectivement … mais en silence. Un an après les attentats du 13 novembre à Paris, 50% des victimes touchées par un stress post-traumatique n’avaient sollicité aucun soin ! Car l’un des symptômes du stress post-traumatique, ce sont les conduites d’évitement : on va éviter TOUT ce qui rappelle le drame, y compris les démarches d’aide, de suivi psychologique ou administratif. Il y a aussi, très souvent, la crainte de ne pas être compris, voire de ne pas être cru. Et la honte : qui suis-je pour me plaindre quand d’autres ont été blessés physiquement ou ont perdu un proche ?  Toutes ces personnes retardent l’appel à l’aide, prenant le risque de voir leurs troubles se chroniciser. Second cas de figure : des personnes qui, à chaud, n’ont développé apparemment aucun symptôme, et qui vont « dévisser » brutalement un, deux, trois ans plus tard. Souvent à la date anniversaire de l’attentat, ou quand un événement personnel fait remonter à la surface le trauma enfoui.

Quels sont les symptômes de ces troubles « différés » ?

On parle de TSPT, troubles du stress post-traumatique, dès lors qu’une personne exposée présente pendant plus d’un mois, l’association de quatre groupes de symptômes. Il y a le syndrome d’évitement qui peut aller très loin : pour éviter de croiser un camion, on ne sort plus de chez soi ; pour éviter de penser au drame, on fige son intelligence… Il y a les phénomènes de répétition traumatique : des cauchemars ou des pensées intrusives font littéralement revivre l’attentat, ressentir les sons, les images, les odeurs de la scène traumatique, avec autant de force que lorsque l’événement s’est produit et suscitant la même détresse. On voit aussi des état d’hyper-alerte : le sujet reste sur le qui-vive en permanence, ne pouvant ni s’endormir ni se concentrer. Et enfin, toute une gamme de troubles émotionnels : bouffées de honte, de culpabilité, perte de confiance en soi, détachement à l’égard des proches, etc. Ces troubles sont fréquemment associés à des dépressions et des idées suicidaires.

 « Oui, les troubles de stress post-traumatique peuvent apparaître plusieurs années après un drame ! »

Et comment réagir ? Quelles solutions thérapeutiques ont fait leurs preuves ?

Le meilleur traitement de ces troubles reste la psychothérapie. Avec éventuellement un soutien par les antidépresseurs si la situation l’exige. Enfin, l’entourage joue un rôle bien-sûr. Etre bien inséré, être entendu et reconnu comme victime, par ses proches, ses collègues, la société… cela reste un support efficace !