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Le territoire méditerranéen, un environnement « sous tension »

2 août 2019

Le littoral et l’arrière-pays méditerranéens subissent de plein fouet la pression exercée par le développement économique et par l’action des hommes. Rencontre avec Claudie Houssard, ancienne directrice du Conservatoire d’espaces naturels, et aujourd’hui référente environnement à la Fondation de France Méditerranée.

Claudie Houssard, l’environnement au cœur d’un parcours de vie

Claudie Houssard a consacré toute sa carrière à la question environnementale, successivement en participant à des travaux de recherche appliquée en écologie dans un laboratoire du CNRS à Montpellier, puis comme directrice d’une association de protection de la nature, le Conservatoire d’espaces naturels du Languedoc-Roussillon.

« Quand j’étais en fonctions, il m’est arrivé de répondre à des appels à projets de la Fondation de France. C’était l’occasion de rencontrer les référents de l’époque, d’approfondir des sujets avec des discussions très pertinentes sur le projet déposé. C’est ce processus de rencontre, d’échange, de questionnement aussi… qui m’avait beaucoup intéressé. J’en mesure aujourd’hui également toute la valeur pour la Fondation. Il y a des mines d’initiatives collectives associant transition écologique et solidarité, sur les territoires, qui méritent d’être repérées, accompagnées… pour essaimer  ».

Climat, biodiversité, pollutions… les enjeux environnementaux concernent toute la planète. En quoi sont-ils spécifiques en région méditerranée ?

La région méditerranéenne concentre des enjeux socio-écologiques considérables qui exigent une expertise complexe pour conduire la transition. Outre la présence de sources d’énergie renouvelable, le vent, le soleil, c’est aussi un des hot-spot de la biodiversité, soumis à de nombreuses pressions et convoitises. Pêle-mêle, on peut citer l’artificialisation et la conquête d’espaces, sur terre comme en mer pour le développement économique, mais aussi des processus de déprise dans l’arrière-pays, le tourisme de masse sur le littoral, les tensions sur la ressource en eau, les risques nombreux exacerbés par le changement climatique, inondations, érosion côtière et submersion marine, incendies, pollutions, déchets en mer, risques sanitaires… Il s’agit réellement d’un concentré de tensions !

En dix ans, l’action de la Fondation de France sur la question a beaucoup évolué. Que pouvez-vous nous dire du programme aujourd’hui, de ses axes forts et de ses spécificités au niveau local ?

Quand je suis arrivée, il y a deux ans, les projets étaient axés sur la concertation et la sensibilisation. Aujourd’hui cela ne suffit plus. Les projets retenus doivent agir pour la transition écologique, s’inscrire dans un territoire déterminé, et favoriser l’implication des citoyens. Pour engager la transition, il faut un changement de comportement, de cap ; le porteur de projet doit démontrer le processus de mobilisation, d’engagement des parties prenantes et de mise en capacité d’agir, ensemble.

En Méditerranée, il y a une grande créativité des porteurs de projets, toujours intégrés dans des contextes territoriaux spécifiques. Depuis l’engagement sur des énergies renouvelables, jusqu’à l’économie circulaire, en passant par l’amélioration de l’alimentation, la préservation de paysages et du littoral méditerranéen, la sauvegarde du pastoralisme, la lutte contre certaines pollutions... Les initiatives sont extrêmement diverses. Et, les jurys locaux avec des référents bénévoles et certains institutionnels, sont des lieux de débats animés, en prise directe avec tous les enjeux, connaissant bien les réseaux d’acteurs et les besoins sur les territoires, gages d’attention et d’exigence.

Parmi les derniers projets soutenus, lesquels ont particulièrement retenu votre attention ?

J’en retiens deux qui illustrent bien des manières d’avancer dans la transition sur les territoires. Le pacte pastoral en Cévennes gardoises vise à construire une « gestion négociée » des espaces fonciers entre tous les acteurs. Il limite ainsi les conflits d’usages et les pollutions. En soutenant le pastoralisme, il contribue à la conservation des paysages, au développement de produits de qualité.

Le pôle territorial de coopération économique (PTCE), en Haute Vallée de l’Aude, soutient le changement des pratiques pour atteindre le « zéro insecticides » en agriculture comme dans les foyers et restaurer les habitats des insectes et des oiseaux. L’ambition est de créer à terme une coopérative d’activités et d’emplois pour la transition écologique.

Ces deux projets s’appuient sur des systèmes sociaux et écologiques très intégrés, en créant du lien entre les hommes et avec la nature, en générant de l’organisation, des solidarités et des apprentissages collectifs.

La question environnementale est si vaste et complexe… en quoi la philanthropie, avec ses moyens limités, peut-elle y répondre ?

Les questions environnementales sont des sujets dont on parle beaucoup, mais on prend trop de retard pour engager le changement en pratique ! Alors qu’il est encore temps et que la société y est attentive. C’est donc d’autant plus important que la philanthropie soit présente pour promouvoir l’intérêt général, défendre ce qui nous est commun, identifier, accompagner les initiatives collectives locales qui émergent, faciliter le passage de l’intention à l’action.

Dans ce contexte, à la Fondation de France Méditerranée, nous avons voulu rencontrer des porteurs de projet potentiels, en amont du lancement de l’appel à projets sur la transition écologique. Pour savoir comment ils appréhendaient la problématique sur le territoire, si l’appel à projet faisait écho à ces enjeux, et comment favoriser l’émergence d’initiatives. Ces échanges ont mis en évidence un besoin : la mise en réseaux des acteurs et l’accompagnement des dynamiques de territoires. Le rapprochement avec les outils et méthodes de certains programmes en cours développés par la Fondation de France, comme Grandir en culture et Dynamiques territoriales, s’est imposé. Autant de clés et d’expériences réussies, pour avancer dans la transition !