Comment mieux prévenir, diagnostiquer et prendre en charge les maladies neurodégénératives et les maladies infectieuses ? Ces enjeux mobilisent Sandrine Humbert et Mathilde Guzzo, deux chercheuses de la région Auvergne Rhône Alpes, récompensées par la Fondation de France et la fondation abritée Jacques Monod, à l’occasion de la soirée de la recherche médicale, le 22 mars 2022.
Sandrine Humbert, directrice de recherche à l’Institut des neurosciences de Grenoble a reçu le Grand prix de la Fondation de France pour son projet « Neuro-développement dans la maladie de Huntington ».
La maladie de Huntington (MH) est une maladie neurodégénérative héréditaire et toujours incurable à l’heure actuelle. Elle se caractérise par le dysfonctionnement et la mort de certains neurones du cerveau. L’équipe de Sandrine Humbert a montré que le développement du cortex, une région dont les neurones sont atteints aux stades tardifs de la maladie, est altéré dans des modèles souris porteurs de la MH et chez des fœtus humains porteurs de la mutation.
Elle fait l’hypothèse que des changements mineurs lors du développement du cerveau pourraient avoir des conséquences des années plus tard sur le cerveau vieillissant. Elle suppose également que les périodes de développement au cours desquelles les neurones du cortex - qui dégénèrent plus tard chez les patients - sont produits et arrivent à maturité, sont particulièrement sensibles dans le cas de la maladie de Huntington. L’objectif de ces travaux est de caractériser ces mécanismes et de contrer ces dysfonctionnements, pour développer à terme un nouveau traitement.
« La maladie de Huntington touche 18 000 personnes en France. Cette maladie est incurable ce qui a des conséquences dramatiques pour les malades et leurs aidants, et un coût sociétal considérable. Depuis la découverte du gène responsable, les quelques candidats médicaments émergents se sont avérés inefficaces pour traiter les patients. Le Prix de la Fondation de France va nous permettre de comprendre les anomalies de développement cérébral dans la maladie de Huntington, afin de contrecarrer ces anomalies et de retarder l’apparition des symptômes. Cette progression du savoir est indispensable pour proposer une meilleure prise en charge des patients et mettre en œuvre les thérapies de demain. »
Sandrine HUMBERT,
directrice de recherche , Institut des neurosciences de Grenoble
Mathilde Guzzo, chercheuse en microbiologie à l’Institut de biologie et de chimie à Lyon, a reçu le Prix de la Fondation Jacques Monod, abritée à la Fondation de France, pour son projet sur les nouveaux moyens de lutte contre les infections bactériennes.
Lorsque des bactéries pathogènes pénètrent dans l'organisme, elles font face à un nouvel environnement. Certaines « entrent en dormance », suspendent toute activité. Les cellules dormantes sont plus difficiles à tuer par des traitements antibiotiques et peuvent causer des maladies chroniques et/ou des infections récurrentes. Pour mieux comprendre les transitions entre les phases de dormance et de prolifération au cours du cycle de vie des cellules bactériennes, Mathilde Guzzo étudie la bactérie Caulobacter crescentus. Lors de la division cellulaire, une des deux cellules filles entre en état de dormance et devra se différencier pour démarrer sa croissance. Cette différentiation a lieu uniquement lorsque les conditions environnementales sont favorables.
« Approfondir notre compréhension des mécanismes qui modulent la croissance des bactéries en fonction des variations environnementales est particulièrement important pour mieux aborder la lutte contre les infections bactériennes. Dans le futur, une meilleure compréhension des mécanismes de régulation de la croissance chez Caulobacter sera utilisée notamment pour comprendre et moduler la croissance du pathogène Brucella, responsable de la Brucellose. »
Mathilde GUZZO, Chercheuse en microbiologie Institut de Biologie et de Chimie
La recherche médicale : axe prioritaire de la Fondation de France Centre-Est
Depuis sa création, la Fondation de France soutient la recherche médicale pour une meilleure compréhension, prise en charge, prévention et guérison des maladies.
En 2021, 15 projets de recherche ont été soutenus par la Fondation de France sur le territoire Centre-Est, pour plus de 1 million d’euros engagés. Autant de projets portés par des structures hospitalières ou universitaires, sur des champs aussi variés que la cancérologie, l’ophtalmologie, les maladies psychiatriques, ou encore l’impact de l’environnement sur la santé.
