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Hélène Jourde, peintre du paradis

22 juillet 2025

Autoportrait 1v2À l’occasion des 60 ans d’ouverture au public du parc de Branféré, le 20 juin dernier, a été inaugurée la Galerie Paul et Hélène Jourde, dédiée à l’œuvre poétique et singulière de la peintre. Une occasion unique de plonger dans l’univers d’Hélène Jourde et de (re)découvrir ses peintures du vivant, restaurées grâce au soutien de la Fondation de France.

La Galerie Paul et Hélène Jourde, située au cœur du parc de Branféré, propose un regard inédit sur l’univers artistique d’Hélène Jourde. Léguée à la Fondation de France en 1988, cette collection rassemble une partie du mobilier et des œuvres conservés dans le manoir morbihannais construit en 1848. Dès 1932, Hélène et Paul Jourde y ont rassemblé peintures, objets et souvenirs rapportés de leurs nombreux voyages, complétés par des pièces issues de leur patrimoine familial ainsi que par les créations d’Hélène.

Installée dans un bâtiment conçu par l’architecte Benoît Morin et accessible depuis le terre-plein central du parc, la galerie invite à explorer cet héritage à travers œuvres, documents et photographies. Scénographiée par Anne-Laure Nicolas comme une extension poétique du parc animalier, elle propose une immersion complète dans l’univers de l’artiste, avec la présentation permanente de ses tableaux, dessins, objets personnels, meubles décorés et de son atelier reconstitué. Les visites sont animées par une équipe de médiation qui accompagne le public dans la découverte de la galerie, aujourd’hui le seul lieu dédié à l’exposition des œuvres d’Hélène Jourde.

Une œuvre dédiée au vivant

Très tôt, Hélène Jourde développe un goût prononcé pour la précision du trait et l’art du détail. Trouvant la gamme colorielle des peintures en tube trop limitée, elle fabrique elle-même ses couleurs à partir de pigments en poudre afin d’obtenir les nuances exactes qu’elle recherche. Formée au portrait mondain, elle s’éloigne progressivement de ce registre pour se consacrer à la représentation de la nature et du vivant : animaux, oiseaux tropicaux, fleurs, créatures imaginaires... Elle puise dans ses voyages, notamment en Inde et en Afrique, une iconographie foisonnante et une sensibilité singulière.

Son style évoque tour à tour Frida Kahlo, le Douanier Rousseau ou les miniatures persanes. Mais Hélène trace un chemin personnel, porté par une vision artistique mêlant regard scientifique et spiritualité, rigueur d’observation et liberté d’interprétation. Considérant les animaux comme des présences sensibles, elle les peint avec attention et douceur, les observant longuement avant de les représenter dans leur calme naturel. Son œuvre la plus connue, Bouddha sous l’arbre de l’éveil, au milieu des animaux, un paravent en six panneaux, a été exposée plusieurs années au Metropolitan Museum of Art de New York. D’autres toiles, plus confidentielles, sont restées longtemps à l’abri des regards.

Branféré, terre d’inspiration

Pour Hélène Jourde, Branféré fut bien plus qu’un lieu de vie : une source constante d’inspiration, profondément liée à son parcours artistique. Née Elena Castori en 1896 à Padoue, en Italie, Hélène Jourde suit une formation aux Beaux-Arts de Venise avant d’entamer une carrière artistique indépendante. En 1935, elle épouse Paul Jourde, un jeune Français passionné de spiritualité et de voyage, de onze ans son cadet. Le couple s’installe aussitôt à Branféré, dans le Morbihan et développe un projet avant-gardiste pour l’époque : faire du domaine un lieu en rupture avec les zoos traditionnels où les animaux sont enfermés dans des cages et enclos. Paul, bouddhiste convaincu, imagine un espace où les espèces évoluent en semi-liberté et peuvent cohabiter avec les visiteurs. Hélène s’associe pleinement à cette vision. Elle conçoit les abris des animaux, aménage le parc et donne au manoir de Branféré son atmosphère singulière et naturaliste : meubles italiens, lanternes vénitiennes, fresques animalières… Le couple voyage fréquemment – en Inde, en Afrique, en Amérique centrale – pour nourrir son inspiration. Entre Branféré et ces contrées lointaines, ils tissent le fil rouge de leur vie : préserver et sublimer la nature.

Le parc ouvre officiellement ses portes en 1965 et le succès est immédiat. Le public afflue pour découvrir ce lieu inédit, qui fait dialoguer art, science, pédagogie et émerveillement. Le couple souhaite éveiller les consciences, transmettre la connaissance du vivant, et encourager sa protection. À travers ses peintures, Hélène poursuit son engagement : toucher les visiteurs tout en les sensibilisant. En 1986, Paul décède. Deux ans plus tard, Hélène lègue Branféré à la Fondation de France, lui confiant la mission de poursuivre leur œuvre et d’en assurer la pérennité.

© Crédit photos : Ferrante Ferranti


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