Agir ensemble face aux défis de notre société
Comment soutenir un secteur associatif de plus en plus sollicité dans un contexte de hausse des besoins sociaux et de diminution des financements publics ? Cette question était au cœur des échanges le 13 novembre dernier, pour la 19e édition du Forum National des Associations & Fondations (FNAF), au Palais des Congrès de Paris, en présence de Marina Ferrari, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative.
« Le FNAF est un rendez-vous incontournable pour celles et ceux qui font vivre le lien social en France et qui sont les piliers de notre République. Ils sont 22 millions de bénévoles, 1,3 million d’associations, et le secteur de l’ESS représente 10 % des emplois en France », a rappelé Marina Ferrari, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. Or, malgré son importance pour la cohésion sociale et la démocratie, malgré son dynamisme avec plus de 70 000 associations qui se créent chaque année en France, le secteur associatif est aujourd’hui menacé. La baisse importante des subventions publiques a des conséquences lourdes sur l’activité voire la survie des associations : problèmes de trésorerie, réduction des activités, emplois menacés… Pour évoquer ces enjeux, Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France, Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif et Benoît Hamon, président d’ESS France, étaient réunis autour d’une table ronde animée par Frédéric Vuillod, fondateur de Mediatico.
Baisse des financements et hausse des besoins : les associations en péril
La diminution importante du soutien public met les associations en péril. « Nous partons d’un constat alarmant : entre le 1er janvier et le 1er octobre de cette année, nous avons enregistré 500 liquidations d'associations, soit deux fois plus qu'en 2022. Une association employeuse sur deux a vu ses financements publics diminuer en 2025 selon notre dernière enquête menée en septembre », a alerté Claire Thoury. Face à cette situation, le Mouvement associatif a lancé le 11 octobre dernier un appel à la mobilisation pour alerter sur cette crise avec comme mot d’ordre : « Ça ne tient plus ! ».
« Si les associations sont en difficulté aujourd’hui, rappelle Claire Thoury, c’est à la fois en raison de la contraction des financements publics et de l’augmentation des besoins sociaux. »
Un constat que partage Benoît Hamon, qui souligne « l’ampleur des besoins », avec « 9,8 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté aujourd’hui en France ». Dans une société où une grande partie des services (clubs sportifs, festivals culturels, structures d’accompagnement du handicap…) repose sur le secteur associatif, Claire Thoury rappelle que ce sont très souvent vers ces acteurs que se tournent en priorité les personnes en situation de vulnérabilité. « Ce sont les associations qui leur permettent de préserver leur dignité », insiste Benoît Hamon.

Sortir de l’impasse
Les Français sont très attachés au modèle associatif : 4 Français sur 10 participent à la vie associative et 1 Français sur 2 a fait au moins un don à une association au cours des douze derniers mois. Cette générosité se reflète aussi du côté des organisations philanthropiques : en dix ans, le nombre de fondations abritées et de fonds de dotation a augmenté de 30 %.[1] Mais comme l’a rappelé Axelle Davezac, « en termes de volumes financiers, nous ne pourrons pas compenser ce désengagement public ». En effet, même si la philanthropie est le principal partenaire privé du monde associatif, les pouvoirs publics restent les garants de l’intérêt général et ne peuvent en aucun cas se décharger de leur responsabilité sur les acteurs philanthropiques. « Le rôle de la philanthropie est de prendre des risques, d’innover et de défricher afin d’expérimenter des initiatives qui pourront ensuite être déployées plus largement et pérennisées par les pouvoirs publics », souligne Axelle Davezac.
Pour sortir de l’impasse, le Mouvement associatif mène un travail pour imaginer un nouveau système de financement public de l'intérêt général, qu'il présentera en janvier 2026 lors de son événement « Droit de cité ! ». De son côté, la Fondation de France met en œuvre une philanthropie fondée sur la confiance avec une simplification des procédures pour les associations et des soutiens pluriannuels et dans la durée. La Fondation de France a adapté ses modalités d’accompagnement des associations. En 2024, elle a augmenté le montant moyen de ses soutiens aux associations de plus 30 % et a choisi d’appuyer des initiatives collectives d’aide aux structures en difficulté comme Prev’Asso, lancé par le Mouvement associatif. Ce dispositif d’accompagnement gratuit et personnalisé aide les associations employeuses en rupture de trésorerie à préserver leurs activités, leurs projets et le maximum d’emplois. Testé en Occitanie, ce dispositif a permis de sauver 90 % des emplois des associations accompagnées en 2024. Il est désormais déployé dans 8 régions, avec l’ambition de couvrir tout le territoire.
Une stratégie nationale de l’ESS est également en cours d’élaboration par les pouvoirs publics. Benoît Hamon espère qu’elle sera à la hauteur des attentes du secteur car « une stratégie sans budget associé, c'est comme un jardin sans eau : les chances que ça pousse sont réduites ».
[1] Baromètre de la philanthropie : le nombre de fondations abritées a triplé en 20 ans