Pour la transition écologique, embarquement immédiat des citoyens !
Les 5-6 novembre s’est déroulée à la Halle Pajol à Paris la 3ème Journée Initiale organisée par la Fondation de France, dans le cadre de l’appel à projets 2018 « Transition écologique, ici et ensemble ». L’occasion pour une cinquantaine de bénéficiaires d’échanger et de confronter les méthodes pour favoriser l’implication des habitants dans leur projet.
Comment permettre aux citoyens de s’approprier les défis environnementaux ? C’est l’enjeu clef du programme Transition écologique, et des quelque 50 projets soutenus en 2018 par la Fondation de France. Des démarches très variées, tant en termes de territoires (rural, littoral, urbain, péri-urbain, montagnard, etc.) que de thématiques (économie circulaire, biodiversité, transition agricole et alimentaire, climat, mobilité douce, etc.).
Dans ce cadre, la « Journée Initiale » est conçue comme un temps préalable de réflexion et de rencontres entre porteurs de projets. Un temps d’échange où la Fondation de France est aux côtés des participants, pour les accompagner et leur apporter des repères sur l’implication des habitants dans la co-construction de leur projet.
Parmi la cinquantaine de porteurs de projets présents à la 3ème Journée Initiale,
16 d’entre eux témoignent ici. De la simple information-formation-sensibilisation à la gouvernance participative, en passant par les actions collectives, la co-construction, voire l’adoption de nouvelles règles du jeu… selon les cas, l’implication des habitants et du territoire peut prendre différentes formes. A chacun(e) son approche !
Le saviez-vous ?
La transition écologique ne peut se concevoir sans participation du public ! Depuis mai 2018, une charte de la participation du public élaborée par le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire pose les bonnes pratiques d’un processus participatif :
- un cadre clair et partagé ;
- un état d’esprit constructif ;
- la mobilisation de tous ;
- l’ouverture au pouvoir d’initiative du citoyen.
Information, formation et sensibilisation : un premier pas vers le faire ensemble
Avec la Journée Initiale, la Fondation de France aide ceux qui, comme Solène, Romain et Charlie, donnent les clés pour comprendre ce qu’est la transition écologique à ceux qui sont les plus éloignés de cette problématique. Avec l’idée qu’ils s’en saisissent et les démultiplient.
Solène MERER, Hétérotopie#2 (Bouches-du-Rhône)
Vous avez dit « utopie » ?
« Monté par un collectif d’associations adeptes d’éducation populaire et de sciences, notre projet est une « utopie concrète ». Notre pari : impliquer les habitants dans la création de l’espace Cousteau, un lieu unique en termes de biodiversité animale et végétale, entre terre et mer. Par le biais de conférences citoyennes autour du climat de notre région à l’horizon 2050, d’ateliers créatifs pour inventer d’autres moyens d’agir… »
Romain TOURNIE, Les Ateliers de la Transition (Haute-Garonne)
Le vélo-cargo, véhicule de discussion écologique
« Imaginé sur le mode participatif, notre vélo-remorque se déplace ici et là, pour s’installer de manière éphémère sur des marchés, ou à l’occasion de vides-greniers. Une fois à l’arrêt, il se transforme en atelier mobile pour bricoler, échanger avec les habitants. Par exemple, sur les leviers concrets de mise en œuvre de la transition écologique. »
Charlie LANGLADE, Jeter ? Pas Question ! (Meurthe-et-Moselle)
Fédérer les Repair Cafés, une idée qui progresse
« J’ai ouvert mon premier Repair Café en 2015, à la MJC Lorraine. Aujourd’hui, mon projet est d’aider les bénévoles qui se lancent dans l’aventure de la co-réparation, à trouver un local, du matériel, etc. Accompagner aussi leur formation, pour qu’ils s’approprient et diffusent les messages-clés sur les défis de la transition environnementale. »
Comportement : impulser le changement, par l’adoption de nouvelles règles du jeu
Adeline, Pauline, Jean-Marie et Estelle font le pari d’impulser le changement de comportements. Parce qu’il faut changer tous un peu… pour tout changer !
Adeline CHARVEL, Eco-citoyennetés (Aude)
Pour des manifestations éco-responsables
« L’éco-responsabilité, ça commence par des gestes simples. Comme d’utiliser une vaisselle en matériaux compostables dans le cadre des manifestations (foire agricole, festival musical, manifestation sportive) organisées sur le territoire. Notre projet vise à populariser ce type de solution, pour que tous les organisateurs l’adoptent. »
Pauline GILLAR et Jean-Marie BOIZEAU, Les Jardins Suspendus de l’Ecole d’Art Jacot (Territoire de Belfort)
Apprendre le jardinage écologique, un impératif citoyen !
« Pour nous, développer l’autosubsistance à travers le jardin, c’est l’avenir ! Animés par les professeurs de l’école, premiers ambassadeurs de ces nouvelles pratiques quotidiennes, nos ateliers sont obligatoires pour les étudiants. Ils y apprennent par exemple à créer un potager, ou à connaître la botanique à des fins médicinales. »
Estelle CHEBU, Les Conversations Carbone (Vaucluse)
Freins psychologiques au changement : on en parle ?
« La méthode est novatrice, on la doit à nos voisins suisses : les Conversations Carbone sont des groupes de parole qui font progresser les changements de comportement en matière de consommation énergétique. On y aborde notamment les aspects psychologiques. Et chaque citoyen en ressort un plan d’action personnalisé. »
Actions collectives : agir à plusieurs, c’est plus efficace !
Augustin, Gaëlle et Sylvain misent sur le collectif pour impulser la transition écologique. Parce qu’agir à plusieurs, c’est tisser une toile qui permet ensuite d’essaimer rapidement les bonnes pratiques.
Augustin GUENDOUZ, Biovallée® (Drôme)
Autoévaluer sa propre empreinte écologique
« Nous invitons les habitants de la vallée de la Drôme à nous rejoindre au sein de l’association des acteurs de Biovallée®, afin de participer ensemble à la gouvernance écologique de notre territoire. Première étape : nous proposons à chaque habitant d’autoévaluer en ligne ses comportements et l’impact écologique qui en découle. »
Gaëlle MASSE, T’as Vu Nos Trognes ! (Yonne)
L’étrogne, l’avenir de nos bocages
« Nous sommes un groupe d’habitants, les Copains du bocage, animés par la même envie de valoriser ensemble notre territoire rural. Parmi nos initiatives : le projet d’une appli mobile pour observer et valoriser les « étrognes ». Des arbres typiques du bocage, à forte valeur patrimoniale et écologique, mais menacés de disparition.»
Sylvain BARBEAU, Ekopratik (La Réunion)
Répare-le, une injonction au partage
« À la Réunion, la réparation collective se fait au « Réparali » Kafé, qui signifie en créole Répare-le. L’étape suivante est d’aider d’autres associations, situées notamment au cœur des quartiers, à créer leur propre atelier en lien avec les bailleurs sociaux. Pour que cette pratique essaime un peu partout dans l’île. »
Co-construction : impliquer concrètement les habitants, dès le départ
Angeline, Guillaume, Ophélie et Aubery ont adopté une démarche participative de co-construction pour mieux impliquer, dès la conception de leur projet, toutes les parties prenantes de leur territoire.
Angéline EGOUY, Les paniers de Thau (Hérault)
Des citoyens vers les producteurs, ou l’AMAP inversée
« Notre projet est né de la volonté des citoyens de créer leur propre groupement d’achat en circuit court, avec des producteurs bio locaux. Une Amap inversée en quelque sorte ! Aujourd’hui, l’heure est à l’essaimage : nous démultiplions ce principe de distribution sur le territoire de Montpellier. »
Guillaume CHAILLERA, Humus en pays d’Arles (Bouches-du-Rhône)
Le compostage de proximité, les habitants y croient
« Notre défi, c’est d’installer des micro-plateformes de compostage, au plus près des producteurs de biodéchets (cantines, restaurants, collectifs d’habitants, etc.). Les signaux positifs envoyés par les habitants après notre initiative nous incitent à créer dans certains quartiers des jardins partagés, source de déchets organiques. »
Ophélie BIGOT, Covoiturage Plus (Bretagne)
Le covoiturage courte distance, les seniors adorent !
« Nous en sommes convaincus : plutôt que de créer de nouveaux moyens de transport, il faut recueillir les besoins ponctuels de mobilité des personnes vieillissantes (pour faire leurs courses, voir le médecin, aller à la poste, etc.). Et favoriser le covoiturage de proximité. »
Aubery LECOQ, Fort de Mon Havre (Seine-Maritime)
Repenser l’espace public, avec tous les publics
« L’implication est depuis toujours le carburant de notre projet. C’est pourquoi nous avons impliqué très tôt les habitants du quartier pour imaginer ensemble les reconversions d’un ancien fort militaire. De leurs attentes sont nées des initiatives originales d’écopâturage et de jardin public… comestible, avec des plantes aromatiques et des arbres fruitiers. »
Gouvernance participative : partager les décisions, et les responsabilités
Julien, Sophie, et Caroline ont choisi de mettre en place un projet qui fonctionne sur le mode de la gouvernance participative. Une approche qui permet de partager à la fois les décisions et les responsabilités.
Julien BOURON, CoWatt / (Loire-Atlantique)
Le co-toiturage solaire, par et pour les citoyens
« L’ambition du projet CoWatt est de développer des installations photovoltaïques, initiées, portées et financées par les citoyens. Des centrales de panneaux solaires de toutes tailles, d’une surface de 70 m2 jusqu’à 3 500 m2, comme sur le toit du nouveau Marché d’intérêt national (MIN) de Nantes. »
Sophie GIRAUD, Conseil de Développement du Pays Cœur d’Hérault (Hérault)
Vers les Etats généraux de l’alimentation et de l’agriculture durable
« Notre Conseil de Développement du Pays Cœur d’Hérault représente la société civile. Dans son cadre, nous réunirons en octobre 2019 les premiers Etats généraux de l’alimentation et de l’agriculture durable. D’ici là, nous aiderons les citoyens à cartographier leur système alimentaire (marchés, boutiques de producteurs, etc.). »
Caroline DOUCET, Faire Ensemble pour Faire Autrement (Savoie)
Une Assemblée pour la transition écologique locale
« Créer une Assemblée locale 100% dédiée à la transition écologique, c’est l’une des propositions des habitants sur le territoire des Bauges. L’idée a émergé sur une plateforme numérique, qui compile les propositions des habitants. »
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