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Lola Laville et Quentin Gilbert lauréats du Prix Marguerite et Méthode Keskar - Ecole supérieure d'art d'Annecy-Alpes (ESAAA)

17 décembre 2025

Le 3 décembre dernier, le jury du Prix Marguerite et Méthode Keskar, en partenariat avec l'Ecole supérieure d'art Annecy Alpes - ESAAA, a récompensé deux lauréats : Lola Laville et Quentin Gilbert.

Ce prix récompense chaque année un jeune peintre ou sculpteur de moins de 40 ans, avec une bourse d'un montant de 4 000 euros.

A propos de Quentin Gilbert

Quentin Gilbert (1995) vit et travaille à Rennes. Il est diplômé de l’École supérieure d’art d’Annecy Alpes et de l’École de photographie et d’image contemporaine BLOO à Lyon. Sa pratique s’ancre dans l’histoire des luttes du droit du travail des ouvriers et des paysans. Des Jacqueries du XIIe siècle aux mouvements des gilets jaunes, il cherche à créer un Panthéon mémoriel des damnés du roman national. L’écho de figures oubliées résonnent dans son travail, mais à l’instar du logiciel normatif du leader unique ses sculptures sont dépourvus de personnification et rappel l’adage « un seul héros, le peuple ».

Que ce soit à travers les récits des mondine, ces ouvrières agricoles de la Vallée du Pô dans le nord de l’Italie, près du lieu de naissance de l’artiste, ou dans l’héritage d’ancêtres ouvriers des usines Pechiney, ancien groupe industriel français spécialisé dans la production et la transformation de l’aluminium, le travail de Quentin Gilbert interroge le temps du travail, les méthodes et moyens de production, et leurs impacts sur les travailleurs et travailleuses.

Son terrain de recherche se trouve dans la diversité d’un héritage séculaire, allant des peuples christianisés et soumis de force, victimes silencieuses de l’histoire de l’impérialisme en passant par celles et ceux que l’on a appelé Cathares, ennemis mortels de la centralisation d’un état français en construction jusqu’au morts pour la Commune et gilets jaunes éborgnés pour leurs droits. Ses sculptures, anthropomorphes et composites, parfois sonores, témoignent de la fragilité des corps au travail. Sortes de doubles symboliques, elles font également écho à la condition des travailleurs de l’art et créent un jeu de tension avec son propre travail.

Quentin Gilbert 2 prix Marguerite et Methode Keskar bis

Quentin Gilbert 3 prix Marguerite et Methode Keskar copy

© Crédit photos : Quentin Gilbert

A propos de Lola Laville

La pratique de Lola Laville explore les relations sensibles et symboliques qui unissent les êtres vivants à leurs milieux, qu’ils soient urbains ou ruraux. Sculptural dans ses gestes, relationnel et narratif dans son processus, son travail s’élabore depuis des situations vécues — observer un troupeau, écouter un éleveur, suivre le mouvement d’un animal, recueillir une histoire. Ces rencontres s’incarnent dans des gestes de modelage, de moulage, d’assemblage ou de collecte, où la terre, la cire, la graisse, la paille, le bois ou le métal se chargent des récits de leurs origines. Ses œuvres, par leur fragilité assumée et leur matérialité organique, échappent à la fixité de l’objet sculptural pour devenir des formes ouvertes, traversées par le temps et par les éléments. Elles accueillent les forces naturelles qui les modifient, les altèrent, les poursuivent tandis que le récit et l’oralité en prolongent le geste sculptural. Ainsi, certaines formes sont activées par la parole de l’artiste lors de contextes publics, d’autres s’incarnent comme réceptacle formel de leur récit fondateur. Dans ce double mouvement — donner souffle puis laisser retomber le silence —, Lola Laville réinterprète la sculpture comme un espace de passage : entre visible et invisible, humain et non-humain, matière et récit. Dans cette perspective, sa pratique ne se limite pas à représenter le vivant mais à considérer leur présence comme agissante. Dès lors, les animaux qu’elle convoque — crapaud, chouette, génisse, cochon — figurent les présences totémiques et médiatrices d’un monde partagé ; à la fois familières et étranges. Dans le prolongement de cette attention au vivant, Lola Laville déploie le processus de création à la fois comme travail et comme expérience du corps, questionnant la capacité de l’outil à prolonger la main, sans jamais s’y substituer.

En tissant ensemble l’enquête, la sculpture et la narration, l’artiste explore la porosité des formes et leur capacité à porter une relation. Elle s’attache à ce point d’équilibre où le récit devient forme, réactivant la dimension originelle et animiste de la sculpture : le geste n’est plus celui qui impose une forme au monde, mais celui qui donne corps à une présence latente. La sculpture, devenue instrument de reliance, ne cherche pas à représenter, mais à rendre présent — à convoquer la relation plutôt que l’image. De la main au monde, elle fabrique une écologie du lien, où l’art devient l’espace d’une rencontre — entre espèces, récits et sensibilités.

VISUEL BIO PORTRAITArchive : Étape de fabrication du travail ‘Tahiti’

LA PANTHÈRE copieLa panthère

LES BAIGNEURSLes baigneurs

LES GÉNISSESLes génisses

À LOMBRE DU COQUETIER copieA l'ombre du coquetier

© Crédit photos : Lola Laville (A l'ombre du coquetier ; Les génisses), Maxime Michelet (La panthère), Léo Baudy (Les baigneurs), Fanny Boulord (Archive : Étape de fabrication du travail ‘Tahiti’)
© Crédit texte présentation Lola Laville : Emma Cozzani


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