« J’ai toujours voulu concilier mon attrait pour les sciences et mon envie de contribuer à une société plus juste », aime à raconter Anne Bouverot. Cette ingénieure des télécoms, titulaire d’un doctorat en intelligence artificielle de l’École normale supérieure (ENS) a accompli une grande partie de son parcours professionnel dans l’univers des nouvelles technologies. Elle a toujours gardé l’intérêt général en ligne de mire, participant notamment à la création de la Fondation GSMA pour promouvoir l’impact social de la technologie mobile... « Ma mère est canadienne, j’ai vécu plusieurs années aux États-Unis, deux pays où la philanthropie est un exercice naturel. En 2018, j’ai quitté un emploi à temps plein, j’avais davantage de disponibilité et un peu d’argent. C’était le moment de m’engager. » Elle crée alors la Fondation Abeona, abritée à la Fondation de France, pour œuvrer à une intelligence artificielle (IA) pensée dans un esprit de justice et d’équité. « À l’heure où l’IA est en train de transformer notre monde, notre quotidien et nos métiers, il me semble crucial d’accompagner son développement en prévenant tout risque de discrimination de genre ou d’origine, dans des domaines aussi variés que la justice, la santé, le recrutement en ligne... »
Pour relever ce défi, Anne Bouverot a réuni autour d’elle un comité d’experts et multiplie les initiatives. La fondation propose avec l’Institut Montaigne et Open Classrooms une formation gratuite en ligne sur les opportunités et les risques de l’IA, déjà suivie par 180 000 personnes. Abeona a également créé la chaire « Intelligence artificielle et justice sociale » à l’ENS, qui accueille chaque année un expert international pour approfondir ces différents sujets. La fondation soutient aussi deux ambitieux projets en partenariat avec l’Institut du cerveau autour de la maladie d’Alzheimer et de la sclérose en plaques, qui touchent plus particulièrement les femmes. « Dans les deux cas, l’intelligence artificielle permet d’obtenir une compréhension plus fine des pathologies et de penser des traitements plus efficaces et personnalisés, et ainsi réduire ces inégalités hommes-femmes. »
Autant de projets visionnaires qui ne pouvaient que séduire Abeona, cette déesse romaine des départs et des nouvelles expériences…