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Lever les freins à la mobilité pour lutter contre la solitude
12/02/2020
En France, sept millions de Français (soit 13% de la population) souffrent d’isolement. Un constat inquiétant, dévoilé par l’Observatoire de la philanthropie dans son étude Solitudes 2019, avec cette année un focus sur la mobilité.
Paradoxe : alors que les moyens de communication, notamment numériques, explosent… l'isolement continue de progresser en France. Depuis 2010, l’Observatoire de la philanthropie de la Fondation de France mène régulièrement l’enquête sur le sujet. Les résultats de l’édition 2019, comparés aux enquêtes de 2016, sont sans appel. L’isolement concerne 7 millions de français, il a progressé de 3 points. Ces personnes n’ont aucun réseau de sociabilité actif (famille, amis, voisins, association, collègues de travail pour ceux qui exercent une activité).
Des actifs de plus en plus isolés
Pour la plupart de ces cercles, les indicateurs sont au rouge. Le réseau des amis par exemple, traditionnellement considéré comme le plus important par les Français, se délite pour les plus fragiles : les chômeurs (-8 points) et les personnes à bas revenus (-5 points). L’engagement associatif régulier recule lui aussi en moyenne de 4 points. Quant aux relations amicales avec les collègues, elles connaissent également un tassement : la proportion d’actifs qui voient régulièrement leurs collègues en dehors du travail, a diminué de 34% à 30% en 2019. En cause ? Les évolutions du travail, avec le développement de contrats précaires, de temps partiels, d’horaires décalés… qui ne favorisent pas la construction de liens stable. Reste la famille, qui est le premier cercle relationnel pour une majorité de personnes interrogées. Les témoignages et les données rassemblées par le Credoc le montrent : les situations d’extrême isolement sont toujours le fruit d’un enchainement d’évènements : départ du domicile parental, violences conjugales, perte d’emploi ou précarité, absence de relation amoureuse, maladie ou handicap, déménagement dans un territoire enclavé… C’est le cumul de deux, trois, quatre de ces difficultés qui font sombrer dans la solitude.
La mobilité, facteur clef de sociabilité
Cette année, la Fondation de France et le Crédoc ont voulu explorer plus précisément les enjeux de mobilité face à l'isolement. Car avec le développement des métropoles, le déplacement des emplois à la périphérie des villes, le coût du logement, la démocratisation de la voiture, la réorganisation des services publics… tout converge depuis 50 ans pour faire de la mobilité une norme sociale incontournable. La vie sociale autrefois concentrée dans « le village, l’immeuble, la rue ou le quartier » a laissé place à des réseaux plus diffus et plus éclatés. Résultat : la mobilité conditionne désormais l’accès au travail, au logement, à l’éducation, aux loisirs, mais aussi la possibilité de faire ses courses ou de se soigner. Elle est devenue incontournable pour s’intégrer, entretenir et développer une sociabilité.
Mais nous ne sommes pas égaux face aux déplacements. Les résultats de l’étude Solitudes 2019 le montrent : la corrélation entre isolement relationnel et faible mobilité se vérifie systématiquement. Les personnes en situation d’isolement affichent des taux de mobilité inférieurs à ceux du reste de la population ; elles ont moins l’usage d’une voiture et déclarent plus souvent ne pas avoir de transport en commun à proximité de leur domicile ou avoir des difficultés pour y accéder. Plus que les autres, elles vivent les transports comme insécurisants, anxiogènes et fatigants. Les difficultés liées aux déplacements aboutissent à des renoncements, parfois graves. Plus d’une personne sur trois a ainsi été confrontée à cet « empêchement », renonçant à visiter des proches, à effectuer des démarches administratives ou des examens médicaux, à accepter un emploi ou une formation, à pratiquer un loisir ou à vivre une relation sentimentale.
Lever les freins à la mobilité, c’est donc lutter contre la solitude. Un constat qui doit mener les acteurs privés, associatifs et publics à développer de nouveaux services d’aide à la mobilité : de l’organisation de transports publics aux garages solidaires, en passant par l’aide au co-voiturage, ou au financement du permis de conduire… Sans oublier ceux qui sont dans l’incapacité physique ou psychique de se déplacer, pour qui le développement de services itinérants et à domicile est parfois le seul lien avec le monde extérieur.